Chiour par Mr Le Rabbin Daniel GOTTLIEB


 
 

«JEUX DE MIROIR »


 
 

Tout au long de la période des Selihot et cours de la journée de Kippour, les treize attributs de Dieu (Exode XXXIV, 6-7) reviennent comme un leitmotiv dans la liturgie.

A l'origine de cet usage, un midrach dit que, après avoir imploré et obtenu le pardon divin après la faute du Veau d'or, Moïse a continué à prier et à demander ce qu'il adviendrait si, dans le futur, Israël venait à commettre de nouvelles fautes (Roch haChana 17 b).

Dieu lui a répondu : " ... qu'ils fassent comme ceci ...", et Il a dévoilé Ses treize attributs

Il ne faut pas croire pour autant que la récitation de ces versets peut avoir un effet magique. En effet le texte ne dit pas "qu'ils disent ...", qu'il faut réciter ces mots comme une formule dont les effets seraient automatiques ; au contraire, il   faut faire.

Sans entrer dans des considérations théologiques, on doit savoir que les adjectifs attribués à Dieu ne sont que des homonymes, des adjectifs qui peuvent être attribués aux hommes (Maïmonide Guide des Egarés). Il n'en reste pas moins que si la Bible a pris la peine de décrire des comportements de Dieu et de les qualifier, c'est pour que nous les imitions.

Plusieurs versets bibliques demandent, en effet, que l'on que l'on se colle à Dieu ou qu'on Le suive :
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"Marchez derrière l'Eternel votre Dieu ..." (Deut. XIII, 5).

- Ou encore :

"Ceci est mon Dieu, et je veux ..." (Exode XV, 2), verset difficile à traduire, certes, mais que Abba Chaoul interprète et développe en disant ; " Sois semblable à Lui : de la même façon qu'Il est clément et patient, saches faire preuve de patience et de tolérance " (Chabbat 133 b).
 

Ou encore :

(Deut. IV, 4) : "Et vous, qui vous êtes attachés à l'Éternel, votre Dieu, vous êtes aujourd'hui tous vivants".

Or la Bible nous apprend que Dieu est un feu dévorant (Deut. IV, 24) et que, par conséquent il est impossible de prendre cette prescription à la lettre, c'est la raison pour laquelle les sages l'interprètent-ils en disant qu'il faut vivre "à l'imitation de Dieu".

"Ceci est mon Dieu, et je veux ..." (Exode XV, 2), verset difficile à traduire, certes, mais que Abba Chaoul interprète et développe en disant ; " Sois semblable à Lui : de la même façon qu'Il est clément et patient, saches faire preuve de patience et de tolérance " (Chabbat 133 b).

C'est ainsi que Rabbi Hama bar Hanina (Sota 14 a) nous propose de comprendre un certain nombre de récits bibliques :
 

" ... De la même façon que la Bible nous dit de Dieu qu'Il a donné des vêtements à des hommes qui n'en avaient pas (Gen. III), nous devons donner des vêtements à ceux qui n'ont pas les moyens de s'habiller ;
de la même façon que la Bible nous dit de Dieu qu'Il a rendu visite à quelqu'un qui souffrait (Gen. XVIII, 1), nous devons rendre visite aux malades ;
de la même façon que la Bible nous dit de Dieu qu'Il a procédé à une inhumation (Deut. XXXIV, 6), nous devons rendre les derniers devoirs aux défunts.

Ainsi, en son début, en son milieu et en sa fin, la Tora nous décrit les gestes de générosité et de solidarité accomplis par Dieu - envers Adam et Eve, en les habillant, envers Abraham souffrant après la circoncision, et envers Moïse en procédant à son inhumation.  Le Talmud résume cette constatation en disant que le dévouement et la générosité traversent la Tora comme un fil conducteur et que, à l'instar de Dieu, nous devons vêtir ceux qui sont nus, rendre visite aux malades et rendre les derniers devoirs aux morts.

De la même façon, en évoquant les attributs de Dieu qui L'ont conduit à faire preuve de clémence envers Israël, nous devons décider de faire des efforts pour nous montrer patients, longanimes, tolérants envers nos semblables.

Il va de soi que si nous décidons d'amender nos voies, c'est à dire si nous faisons Techouva, nous mériterons d'être pardonnés pour nos errements passés. Telle était la réponse de Dieu à Moïse : "Suivez le programme qui vous est ici proposé et vous serez pardonnés".

Si l'homme vit ainsi à l'imitation de Dieu - l'homme n'a-t-il pas été crée à l'image de Dieu ? -, on peut ajouter que le jeu de miroir évoqué ici peut avoir des prolongements :

" ...  Dieu est ton ombre ...", dit le Psalmiste (Psaume CXXI, 5) .

L'ombre suit les mouvements de celui qui la suscite, ainsi peut on dire que Dieu s'inspire du comportement de Ses créatures : si nous faisons preuve de clémence envers nos semblables et si nous ne nous montrons pas trop susceptibles, nous pouvons espérer que Dieu nous imitera et sera clément et généreux à notre égard.

D'ailleurs, dans une très belle prière (Siddour Beth Yaacov, Soulam Beth El, page 15) nous demandons à Dieu : " Que ce soit de Ta volonté de faire en sorte que je puisse contrôler les impulsions de mon coeur...  et que je ne me mette pas en colère afin de ne pas provoquer que Tu sois en colère".

Dans la même perspective, la Thora nous demande :
"Tu aimeras l'Eternel ton Dieu, de tout ton coeur...." (Deut. VI, 5).

Ce verset a donné lieu à un principe général qui veut que "la Tora exige l'adhésion du coeur".
 

Ce principe talmudique a pu être exacerbé à l'extrême et interprété comme si on pouvait être juif de coeur en négligeant de traduire l'amour que l'on porte à Dieu par des gestes d'application pratiques de Ses commandements.

Or, "Dieu est ton ombre", ce qui signifie que Dieu se comporte à mon égard de la manière dont je me comporte vis à vis de Lui : si nous nous contentons de l'aimer dans notre coeur, nous risquons de voir Dieu devenir un "Dieu d'amour" qui aime Ses créatures sans leur prodiguer les marques concrètes de Sa bienveillance que nous ne cessons de solliciter dans nos prières (d'après Rabbi Yehezkkiel de Kozmir, cité dans Ittouré Tora, VI, p. 179).

Sans qu'il soit nécessaire de passer par le biais de commentaires ou d'interprétations, on trouve cette idée formulée explicitement dans le texte biblique
[Dieu veut] savoir ce qu'il y a dans ton coeur : si tu observes Ses commandements ou pas l'amour de Dieu dans son coeur se prouve par l'accomplissement de ses commandements. (Deut. VIII, 2).

La récitation des attributs de Dieu dans la liturgie de la période des Selihot et de Yom Kippour ne doit donc pas se limiter à une lecture machinale ou automatique : elle doit nous inviter à remettre en cause notre façon d'être, à décider de n'agir qu'avec la volonté de bien faire et de faire le bien pour donner à Dieu les arguments pour qu'Il envers nous qu'avec faveur.
 
 
 

Le Rabbin Daniel GOTTLIEB

    Nos remerciements à Mr Le Rabbin Daniel GOTTLIEB
A suivre .....



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