Bekhoukotaï
L’importance
de l’étude
« Si vous vous conformez à Mes lois
et respectez Mes préceptes, Je vous donnerai la pluie en son temps…
et vous demeurerez en sécurité dans votre pays. Je ferai régner la paix…
et le glaive ne traversera pas votre territoire… » (Vayikra 26 : 3 à
6).
Rachi commente : « Si vous concentrez
vos efforts dans l’étude de la Torah en vue d’accomplir les Mitsvot,
alors Je vous donnerai… ». Nous apprenons de ce verset que
celui qui souhaite sincèrement faire une contribution réelle pour la
protection du Peuple Juif et de la Terre d’Israël se doit uniquement
de respecter la recommandation qui consiste à consacrer une partie de
son temps à l’étude de la Torah et au respect des Mitsvot « ben
adam lamakom et ben adam lahavero » (vis à vis de Dieu et vis à vis
des hommes).
Seule, cette attitude peut apporter la paix et la prospérité dans
le pays; plus la Torah est étudiée, plus les Mitsvot sont observées
par le peuple et plus sûrement la pluie tombera en son temps avec abondance
et la sécurité sera assurée.
Le Midrach Rabba (Vayikra 35 : 6)
nous apprend « L’épée et le Livre descendirent du Ciel entrelacés
».
Dieu dit au Peuple « Si vous observez
ce qui est écrit dans ce Livre, vous serez sauvés de l’épée, à défaut
l’épée vous transpercera ». C’est en effet l’absence
de l’étude de la Torah et de l’observance de Mitsvot qui donne sa
force à l’épée.
C’est exactement ce que le Roi Ezechias (Roi de Juda 727 – 687
avant 0) illustra quand Senacherib et son immense armée assiégèrent
Jérusalem. Rabbi Itshak le forgeron disait : « Le
joug de Senacherib sera brisé sous l’action de l’huile d’Ezechias
qui brûlait pour éclairer les maisons de prières et d’études
».
Qu’avait donc fait le Roi Ezechias ? Il avait planté un glaive à
la porte de la Maison d’études et déclara : »
Celui qui n’étudiera pas la Torah méritera d’être percé par ce
glaive ! » Une enquête fut effectuée de Dan à Bershéva
et l’on ne trouva pas un garçon, une fille, un homme ou une femme qui
ne soit compétent en matière de règles concernant les lois de pureté
et d’impureté … (Sanhedrin 94b).
Le Roi Ezechias affirmait que sans l’étude de la Torah, Sanacherib
et ses hordes auraient été victorieux et que la seule chance du Peuple
d’Israël résidait dans l’étude… C’est ce qui arriva… Le peuple
prit à coeur les paroles de son roi et, miraculeusement, Senacherib fut
défait.
La leçon du Roi Ezechias est un exemple important pour toutes les
générations… « Si nous abandonnons l’étude
de la Torah et l’accomplissement des Mitsvot, pour adopter les tactiques
de guerre de nos ennemis, nous ferons face, sans cesse, à de véritables
tragédies.
Cependant, si nous adoptons la conduite
de Yaakov face à Esaü et que nous nous tenions fermement à l’étude
de la Torah, Hakadoch Baroukh Hou nous sauvera de ses mains
» (Hafetz Haïm Al HaTorah).

Dans le quartier Mekor Haïm de Jérusalem, il existait une Yechiva
dirigée – pendant la deuxième guerre mondiale – par le Rav Baroukh
Levine. A quelques mètres de là se trouvait un sanatorium qui traversait
une très grave crise financière et n’était pratiquement plus en mesure
d’assurer les soins et une hygiène suffisante à ses pensionnaires;
ceci posait un grave problème pour la santé des étudiants de la Yechiva
voisine.
Le Rav Baroukh Levine alla quérir l’avis du Hazon Ich.
Le Hazon Ich écouta avec beaucoup d’attention les propos du Roch Yechiva
et lui conseilla finalement de maintenir la Yechiva à proximité du sanatorium
malgré les dangers apparemment encourus.
« La force de l’étude de la Torah protègera
les étudiants de cette terrible maladie et, de plus, les malades pourront
bénéficier du mérite de l’étude dispensée dans leur voisinage. Ils
ont besoin de ce mérite autant qu’ils ont besoin de médecins et d’infirmières
»
dit-il.
Le Rav Baroukh Levine suivit l’avis du Hazon Ich et avec l’aide
de l’Eternel, aucun des étudiants de la Yechiva ne fut contaminé; en
fait, contrairement aux autres personnes du voisinage qui fuyaient lorsqu’elles
apercevaient les malades, les étudiants de la Yechiva n’hésitaient
pas à se promener avec eux et ils ne furent jamais inquiétés
(Toldot
Itshak).

Pendant la guerre du Golfe en 1991, alors que les Scuds atteignaient
Tel-Aviv, le Rav Haïm Kaniewski, disciple du Hazon Ich, dit aux
gens de Bné Brak qu’ils pouvaient garder leurs masques pour Pourim parce
que, du fait des dizaines de milliers de pages de Guemara qui étaient
étudiées dans leur ville, ils étaient protégés de tout danger. Il
y eut cependant une grande frayeur quand le vendredi soir de la Paracha
Michpatim toute la ville fut abasourdie par le tumulte provoqué par
la chute d’un Scud à proximité. « Les
Scuds tombent sur Bné Brak » s’écria la Rabbanite Kaniewski
à son mari. Mais le Rav la rassura calmement, lui affirmant que le missile
n’était pas tombé à Bné Brak… Après Chabat, les gens allèrent
s’enquérir de l’endroit exact où le Scud était tombé… En réalité,
il était tombé à Ramat Gan juste à la limite de Bné Brak (Touvcha
Yabihou).

Behar
Aider son
prochain
« Si ton frère vient à s’appauvrir
et si tu le vois fléchir, à tes côtés, tu le soutiendras… » (Vayikra
25 : 35).
Rachi précise : N’attends pas que sa situation s’aggrave et
qu’il chancelle car il sera alors beaucoup plus difficile de l’aider.
Renforce-le plutôt dès que tu le vois commencer à vaciller.
Nos Sages nous proposent l’analogie suivante : Si un âne supporte
une lourde charge et que celle-ci commence à glisser, il est possible
à tout un chacun de la remettre en place. Cependant, lorsque la charge
est tombée à terre, il faudra au moins 3 ou 4 personnes pour la rétablir
sur le dos de l’animal. Commentant ce verset, le Midrach fait allusion
au psaume (41 : 2) : « Heureux celui qui s’intéresse
au pauvre. Au jour du malheur, l’Eternel le délivrera »
et interprète le verset de la Torah (Vayikra 25 : 35) de manière
suivante «
Si ton frère s’appauvrit et
que ses moyens fléchissent, en même temps que les tiens, tu dois le soutenir.
En d’autres termes, même si tu es aussi pauvre
que ton frère dans la détresse, tu dois malgré tout essayer de l’aider
« Si tu prêtes attention à ton frère dans le besoin et que tu lui offres
ton aide, malgré tes difficultés » poursuit le Midrach, « alors, l’Eternel
te délivrera de tes propres soucis ! »
Le Hafetz Haïm insiste sur la nécessité pour un Juif de déployer
tous ses moyens pour aider son prochain et, plus particulièrement, pour
lui trouver un travail car tous ceux qui sont à la recherche d’un emploi
relèvent du verset « Si ton frère vient
à s’appauvrir… » et le Ramah va jusqu’à
étendre l’obligation d’engager un frère juif, même si le salaire
devait être légèrement supérieur… (Ahavat Hessed II, 21).

A l’occasion d’un Chabat, le Rav Uri de Sterilisk, connu
sous le nom de Saraph (l’Ange) fut invité par son beau-frère,
le Rav Menahem Mendel de Kossov. Parmi les invités, il y avait
un certain Rav Moshé qui fut, en son temps, très riche et charitable
mais fut victime d’un revers de fortune qui lui fit perdre tous ses biens.
Il devint si pauvre qu’il ne pouvait plus assurer son loyer et son propriétaire
devenait de plus en plus pressant.
Il fit part de ses déboires au Rav Menahem Mendel qui, très troublé,
lui proposa de s’en ouvrir à son beau-frère, le Saraph. Celui-ci reçut
Rav Moshé et lui dit « Je comprends ta douleur,
j’en suis très touché, aussi je me propose d’accomplir à ton intention
toute particulière la mitsva du Mikvé (bain rituel)… Je me purifierai
à ta seule intention et j’espère que cela pourra t’aider à résoudre
tes problèmes
».
Lorsque Rav Moshé en informa le Rav Menahem Mendel, celui-ci l’incita
à aller revoir le Saraph pour lui dire que la mitsva proposée n’allait
sûrement pas lui permettre d’annuler ses dettes.
Rav Moshé s’en retourna alors chez le Saraph. Cette fois, il lui
fut répondu « Mon fils, je suis prêt à
vous conférer le mérite de mettre les Tefilin pour vous, à votre seule
intention… »
La fois suivante, le Saraph lui offrit de prier pour lui, toute la
journée. « Ainsi, avec l’accumulation de
toutes ces prières et mitsvot, Dieu T’accordera sûrement Sa Protection
et Son Aide », lui dit-il.
Mais le Rav Menahem Mendel ne fut pas satisfait par toutes ces propositions
et s’en fut avec Rav Moshé rendre visite au Saraph. «
Je ne cherchais pas à faire profiter Rav Moshé des tes mérites, je voulais
simplement que tu m’accompagnes en vue de faire une collecte pour aider
ce frère dans la peine, et ce, pour accomplir la mitsva « Tu le soutiendras…
».
Très rapidement, les deux Sages se rendirent ensemble chez les riches
de la ville et purent ainsi récolter assez d’argent pour permettre à
Rav Moshé de rembourser ses dettes et lui redonner sa dignité d’homme
aisé et charitable (Sipouré Hassidim).

Emor
Eviter les conflits
« Le fils d’une femme israélite
et d’un homme égyptien, venu au milieu des enfants d’Israël, se querella
dans le camp avec un homme israélite » (Vayikra 24 : 10).
Le Kli Yakar note que le verset ne fait pas mention des noms
des deux hommes impliqués dans la querelle. Le fait même qu’ils étaient
impliqués dans une dispute indique qu’il existait une imperfection dans
leur ascendance. Ces hommes n’étaient pas le genre de personnes dont
le peuple d’Israël aurait pu s’enorgueillir, et c’est pourquoi la
Torah se retient de préciser leurs noms.
De même, la Guemara (Kedochim) relate qu’en observant les deux protagonistes,
les enfants d’Israël étaient en mesure de déterminer celui d’entre
eux qui avait une meilleure lignée !
Le premier à se tenir silencieux apporta ainsi la preuve qu’il était,
intrinsèquement de meilleure lignée que son adversaire. En fonction de
cette constatation, Rav conclut qu’une personne
« cherchant son âme
sœur » doit orienter ses recherches auprès des familles réputées
tranquilles, car les gens de nature calme sont habituellement de bonne
souche. Rav affirme également que si l’on assiste à une dispute entre
deux personnes, on peut affirmer, sans se tromper, qu’au moins l’un
d’entre eux est « entaché d’impureté » (Kedochim 71b).
Le Rav Itshak Abukav, auteur de Menora Hameor, souligne
l’importance primordiale de l’attitude tendant à se tenir éloigné
de toutes sortes de conflits. Le danger, précise le Rav, est que même
des gens honorables peuvent tomber dans le piège !
Dans sa grande sagesse, le Roi Salomon nous en prévient : «
Le Juste est avantagé par rapport à son prochain mais la voie des méchants
l’égare » (12 : 26).
Un Sage, en principe, restera silencieux lorsqu’il sera confronté
à une agression mais il pourrait ressentir que son honneur est atteint
et, craignant d’être considéré comme manquant de courage aux yeux
de son entourage, il pourrait réagir… de telle sorte que
«
le malfaisant qui a provoqué l’incident "l’égare" dans la voie des
méchants ».
Aussi, doit-on toujours avoir à l’esprit que «
C’est une gloire pour l’homme de s’abstenir de toute querelle »
(Proverbes 20 : 3).
Celui qui souhaite bénéficier d’une vie sereine se doit d’endurer
les railleries et les invectives plutôt que de s’engager dans une querelle.

Un certain rabbin avait gardé rancune à l’égard d’un de ses confrères
qui l’avait humilié de nombreuses années auparavant. Très mécontent
de cette inimitié entre les deux rabbins, le Rebbe de Gour, Rav Mordekhaï
Alter, demanda à rencontrer le rabbin qui se sentait offensé et tenta
de le persuader de pardonner à son offenseur. Peine perdue, l’offensé
ne voulait rien entendre.
Alors, le Rebbe sortit une lettre de sa poche et la tendit au rabbin…
Celui-ci commença à la lire et puis, après une ligne ou deux, son visage
se décomposa littéralement… Ce qu’il lisait le mit à la fois en
colère et lui faisait honte à la fois, de telle sorte qu’il ne put
continuer à la lire… « Continue de lire,
insista le Rebbe, je veux que tu la lises jusqu’au bout ».
La lettre avait été écrite par une personne qui en voulait terriblement
au Rebbe et elle était pleine de mots grossiers et d’insultes…
« J’ai reçu cette lettre il y a très longtemps… L’auteur est un
homme d’affaires et il était convaincu que j’avais commis une injustice
à son égard. Depuis le jour où j’ai reçu cette lettre, je l’ai
lue tous les matins avant d’aller prier et, à chaque fois, je dis à
l’Eternel que je pardonne à cet homme de tout mon coeur. Ensuite, je
prie pour qu’il se porte bien et ne soit pas puni pour son erreur »
(Roch Gola Ariel).

Kedochim
Aimer son
prochain de tout coeur
« Tu aimeras ton prochain comme toi-même
» (Vayikra 19 : 18).
Pour Rabbi Akiva, il s’agit là de la règle la plus importante
de la Torah. Et chacun se doit de se préoccuper du bien-être et des biens
de son prochain comme de ses propres biens. Il est recommandé à tout
un chacun d’honorer ses amis de même qu’il souhaite être respecté
(Rambam Hilkhot Déot 6 : 3).
Dans le Sefer Hamitsvot, Rambam écrit notamment : «
le 206éme commandement de la Torah est « d’aimer son prochain comme
soi-même » et l’amour et la compassion pour les autres
doit s’appliquer à tous les niveaux et dans toutes les circonstances.
Nous nous devons de préparer à assurer pour l’autre ce que nous souhaitons
pour nous-même. Si tu n’aimes pas quelque chose, assure-toi que ton
ami ne risque pas d’en souffrir… C’est cela que veut dire la Torah
au travers du verset "Aime ton prochain…"
».
Une question se pose : Pourquoi la Torah ajoute-t-elle deux mots «
Ani Hachem » « Je suis Dieu » à ce verset ?
Les commentateurs expliquent que, au travers de ces mots, la Torah
implique que les deux commandements sont liés, car le Peuple Juif a pour
mission particulière d’aimer Dieu et son prochain. En effet, la démonstration
de notre amour pour Dieu est le reflet de notre comportement à l’égard
de notre prochain. A l’inverse, on ne peut aimer Dieu si l’on n’aime
pas son frère ! C’est le message sous jacent du verset étudié.
Le Rav Moshé Eipstein, le Rebbe de Ozrover précise que cette
idée est inhérente à l’écriture même du verset; la guématria (valeur
numérique) des mots « Tu aimeras ton prochain
comme toi même » est égale à la valeur des mots du verset
«
Vous aimerez Hachem votre Dieu ».
Ceci enseigne que l’un n’est pas possible sans l’autre et il
s’avère ainsi que les commandements relatifs à l’amour du prochain
et à l’amour de Dieu sont intimement liés l’un l’autre.
C’est pour cette raison, que Rabbi Akiva affirmait que cette règle
est la plus importante de la Torah, notamment parce qu’elle inclut les
deux aspects fondamentaux de la Foi.
L’histoire est bien connue… Lorsqu’un homme se présenta à Hillel
et lui demanda de lui résumer le judaïsme en quelques mots, le Maître
lui répondit : « Ce qui te paraît détestable,
ne le fais pas à ton prochain : ceci inclut toute la Torah ».

Un jeune couple rendit visite un jour au Rav Shimshon Pinkus…
De graves problèmes opposaient le jeune couple et ils étaient sur le
point de se séparer. Le Rav voulut s’informer précisément des raisons
qui avaient engendré une situation aussi compromise. Il décida de les
entendre chacun séparément; il demanda à la jeune femme la raison véritable
de sa volonté de rompre avec son jeune mari. «
Je ne peux plus le supporter; cela fait un an que nous sommes mariés et
depuis il n’a jamais daigné me sourire ! » Il reçut
ensuite le mari
« Comment se fait-il que vous
ne souriez jamais à votre épouse ? » Embarrassé, le
jeune mari avoua au Rav qu’il avait une affreuse dentition qui l’enlaidissait
et il avait donc décidé de s’astreindre à ne jamais sourire.
« Je peux comprendre, dit le Rav, mais pourquoi ne pas consulter un dentiste
?
- J’aimerais bien mais vous savez certainement
ce que coûte ce genre d’intervention et je n’en ai absolument pas
les moyens, répondit le jeune homme.
Sans sourciller, le Rav tendit au jeune homme 2500 dollars et lui dit
«
Pour l’amour de l’entente conjugale, courez donc consulter un chirurgien
dentiste !
Informée de ces faits, une relation proche du Rav lui exprima sa surprise
«
Je ne comprends pas, vous êtes couvert de dettes et vous arrivez à peine
à nourrir votre famille, comment avez-vous pu donner 2500 dollars à ce
jeune homme ?
Le Rav Shimshon fut surpris de cette question et répondit tout naturellement
:
« Pourquoi avez-vous tant de difficultés
à comprendre que je trouve tout à fait naturel de donner à un frère
ce que j’aurais pu dépenser pour moi-même ? Il est lui aussi un enfant
de l’Eternel ! »
Ahare Mot
La pureté
dans la relation intime
« Parle aux enfants d’Israël et dis-leur
: C’est Moi l’Eternel Votre Dieu ! Les pratiques du pays d’Egypte,
où vous avez demeuré, vous ne les imiterez pas… » (Vayikra 18 : 2
& 3).
Rachi commente : les mœurs et les pratiques des Egyptiens et des Cananéens
sont les plus dépravés de tous les peuples et vous n’imiterez pas leurs
façons de faire, notamment dans leurs relations intimes.
Il s’agit de faire accéder les enfants d’Israël au niveau
«
d’un peuple de prêtres et de nation sainte » et c’est
là l’objectif ultime des nombreuses lois figurant dans le Lévitique.
Et pour atteindre ce but, la Torah a édicté des lois relatives à l’éducation
morale et spirituelle, a précisé des préceptes relatifs au Service des
Cohanim et à l’importance de la cacherout.
De manière solennelle, l’Eternel a alors manifesté Sa Volonté
personnelle pour édicter les lois relatives à la pureté des relations
intimes et mettre en garde les enfants d’Israël contre leur transgression.
Il ne s’agit pas ici de préserver une hygiène, ou d’organiser
des relations sociales : c’est un impératif divin et l’obéissance
est imposée tout simplement parce que dans ce domaine l’Eternel nous
en a donné l’ordre; la formule
« C’est Moi l’Eternel Votre Dieu »
réapparaît à plusieurs reprises dans la Torah pour souligner l’importance
primordiale de certaines lois morales fondamentales et, notamment, de celles
relatives aux relations intimes et de la nécessité incontournable de
s’y conformer.
En quoi les lois relatives aux mœurs constituent-t-elles une véritable
révolution par rapport aux pratiques des civilisations Egyptiennes et
Cananéennes où le peuple d’Israël a été amené à vivre ?
Ces civilisations voulaient ignorer toute ce qui pouvait restreindre,
de quelque manière que ce soit, les rapports intimes, estimant toute limite
ou entrave à cette liberté comme insupportable s’agissant d’une fonction
naturelle, intime et personnelle.
La discipline imposée par Dieu, dans ce cadre, devient un instrument
de spiritualisation de la fonction physique et une sublimation de l’activité
«
animale » en quête de pureté et tout cela pour faire accéder les
enfants d’Israël au niveau
« d’un peuple de prêtres et de nation
sainte ».
La sainteté du peuple ne peut réellement se réaliser que dans la
recherche et l’application des lois de la pureté des relations intimes.
En tête de toute la législation sociale de la Torah figure le commandement
« Soyez prolifiques et multipliez-vous » (Berechit 1 : 28).
Le mariage n’est donc pas simplement institué pour la concrétisation
d’une relation affective mais aussi pour s’élever au rang d’une
institution morale qui transcende les instincts naturels.
C’est Dieu qui a donné l’ordre de contribuer activement à l’édification
du peuple et le mariage juif ne se conçoit que lorsque sa réalité répond
aux objectifs que l’Eternel nous a assignés.
La violation téméraire de ces lois fondamentales n’est pas tolérable
et l’évocation solennelle du Nom de l’Eternel, à l’occasion de
comportements qui revêtent un caractère intime, vient nous rappeler l’omniprésence
de Dieu et l’importance primordiale des règles relatives à la pureté
des mœurs. Et tout cela pour se départir des pratiques abominables –
dites libérales – des peuples parmi lesquels Israël a vécu.
Dans son Mishné Torah, Maïmonide s’est étendu longuement
sur les relations sexuelles autorisées et interdites insistant sur l’aspect
essentiel de ces lois qui s’opposent à la tendance générale des hommes
à rechercher le plaisir, soulignant que le chemin de la vie sainte passe
par l’autocontrôle et l’abstention de comportements animaux (La
médecine tirée du Mishne Torah, Prof. Fred Rosner).

Un riche propriétaire avait un fils unique et il avait accueilli dans
son foyer un orphelin du même âge pour lui tenir lieu de camarade d’étude.
Or, cet orphelin, qui devint l’intime de la famille, se mit à devenir
paresseux, insolent, délaissant ses études de sorte qu’il finit par
se faire renvoyer de la maison de ses hôtes.
Quant au fils unique, il subit grandement l’influence de son ancien
ami; son père le convoqua et lui infligea une dure correction. Le fils
demanda à son père pourquoi il s’était contenté d’éconduire son
ami alors qu’il avait dû subir, lui, de graves punitions.
Le père répondit que l’orphelin n’étant pas son enfant, il s’était
ingénié à bien le traiter aussi longtemps qu’il s’était conduit
convenablement mais qu’il avait dû le renvoyer du fait de son mauvais
comportement. Mais toi, mon fils, reprit le père, comment pourrais-je
te chasser ? Je ne t’abandonnerai jamais mais je t’infligerai autant
de corrections qu’il le faudra pour te ramener sur le bon chemin…
La même différence peut être relevée quant aux procédés employés
par l’Eternel à l’égard d’Israël et des Nations.
« N’imitez pas leurs pratiques… car
elles se sont souillées par ces moeurs et le pays de Canaan les a vomi…
Mais vous, Enfants d’Israël, respectez Mes lois et Mes statuts car,
à défaut, vous subirez des châtiments… Gardez Mes commandements en
n’imitant pas ces comportements infâmes… Je suis l’Eternel, Votre
Dieu… qui ne vous rejettera jamais » (Maguid Rav Jacob de Doubno).

Tazria
Fuir la médisance
« Lorsqu’il se forme sur la peau d’un
homme, une tumeur, une dartre ou une tache pouvant dégénérer en une
lésion ulcéreuse de sa chair… » (Vayikra 13 : 2).
La lésion ulcéreuse (une maladie spirituelle à ne pas confondre avec
la lèpre) est une punition sanctionnant sept péchés dont la médisance
(Lachon
Arah). La punition consécutive à la médisance est précisée dans
le
Psaume (101 :5) : « Quiconque calomnie
son prochain, en secret, Je l’anéantirai… ». Le mot
hébreu Atsmit (anéantir), explique la Guemara, est également un terme
qui décrit la lésion ulcéreuse (Arkhin 16a).
Une question s’impose : si la lésion ulcéreuse est une punition
pour la médisance, pourquoi seul le Peuple Juif est-il puni de cette affection
? La médisance est pourtant très répandue parmi les autres nations,
alors pourquoi ne sont-elles pas sanctionnées de la même manière ?
Rabbi Chlomo Gantzfried explique que la différence fondamentale
entre le peuple d’Israël et les nations c’est l’unité de notre
peuple; l’unité est une caractéristique du peuple juif qui n’a pas
d’équivalent dans les autres peuples et même lorsque l’on constate
une certaine unité parmi les nations, celle-ci n’est pas comparable
à la nôtre. C’est pour cette raison que seuls les juifs sont dénommés
« Adam, homme » au singulier du fait que le sens de l’unité
est profondément ancrée dans leurs gènes…
Et la médisance est punie plus sévèrement parce qu’elle entraîne
la division justement dans un peuple où l’union doit se maintenir. Elle
est une gifle infligée à l’essence même du Peuple Juif, ce qu’on
ne peut pas dire dans le cas des autres nations et c’est pourquoi elle
génère une punition aussi importante.
C'est également la raison pour laquelle la personne ainsi condamnée
doit demeurer dans l’isolement total : «
Il a entraîné la division, en conséquence, il doit être séparé du
reste de la communauté (Arkhin 16b).
C’est également la raison pour laquelle la personne affectée par
la lésion ulcéreuse est amenée devant «
Aaron Hacohen, le Grand Prêtre ou l’un de ses fils » (Vayikra 13 :
2).
Aaron Hacohen représentait l’unité; il aimait la paix et
l’harmonie et les recherchait sans cesse…
Les commentateurs expliquent que, pendant la plaie de la mort des premiers
nés, les chiens n’aboyèrent pas à l’encontre du peuple juif, comme
pour indiquer que celui qui commet l’infraction de la médisance est
considéré plus négativement qu’un chien qui, lui, avait respecté
le silence.
Dans le « Devoir des Coeurs », Rabenou Baya Ibn Pekouda,
écrit que, lorsqu’au terme de sa vie, un homme se présente pour être
jugé par le Roi des Rois, il peut trouver dans son
« dossier »
des Mitsvot qu’il n’a jamais faites; lorsqu’il se renseigne sur cette
erreur apparente, il lui est répondu : «
Les Mitsvot de tous ceux qui ont médit à ton égard sont transférées
à ton crédit et tes péchés sont transférés dans leur dossier ».
Rabbi Yehouda expliquait qu’aucun mérite n’est garanti
à une personne si elle n’a pas la force de se retenir et de s’éloigner
de la médisance et, ainsi que le disait Rabenou Ibn Pekouda, une
personne peut perdre sa place dans le Monde futur au profit des personnes
contre lesquelles elle a proféré des propos médisants.

Rabbi Moshé David Solveitchik raconte l’anecdote suivante
au sujet d’un homme de Brisk qu’on surnommait, en se moquant, «
l’homme de vérité ». On l’avait appelé comme cela parce qu’il
avait la réputation de toujours dire toute la vérité de telle sorte
qu’il fit échouer des unions conjugales éventuelles en révélant trop
de détails sur les prétendants au mariage.
Un jour, le Tsadik Rav Chalom Menaché, rendait visite au Rabbi
Haïm Solveitchik à son domicile quand « l’homme de vérité »
entra. Le Rav Menaché se retourna vers lui et dit : «
Il n’y a pas de doute que la vérité est extrêmement importante. Nos
Maîtres nous ont enseigné que la vérité apporte la lumière dans le
monde. Cependant, il y a aussi des occasions où trop d’honnêteté peut
détruire le monde. Tout ne mérite pas d’être toujours dit (Ouvdot
Brisk).
Dans sa Yechiva, le Rav Yehouda Tzaddok institua une règle
selon laquelle tout celui qui profèrerait une parole médisante devait
aller l’avouer au Rosh Yechiva et payer une amende à chaque fois qu’il
parlait négativement au sujet de quelqu’un. Les étudiants se conformèrent
à cette règle et vinrent voir le Rosh Yechiva à chaque incartade.
Un étudiant fut accusé par ses amis d’avoir fait un Lachon Arah,
mais celui-ci refusa de l’admettre et, pour se défendre, il insista
à répéter à huit reprises ses dénégations… L’affaire fut soumise
au Rav Yehouda qui infligea au jeune homme une amende pour chacune des
fois où il apporta sa contestation.
Lorsque l’étudiant s’exécuta, le Rav Yehouda apaisa l’étudiant
en lui disant que, ce faisant, il s’était acquis une part du monde Futur.
Combien cela vaut-il de s’acheter un costume dans ce monde ? Et là,
tu as acheté une place dans le monde éternel pour juste quelques pièces
!
Il arriva même qu’une fois, le Rav Yehouda dépose une pièce sur
la table devant ses étudiants les informant qu’il payait une amende
parce qu’il craignait que, pendant une conversation qu’il avait eue
la veille, il aurait pu dire quelque chose qui ressemblait à de la médisance.
Les étudiants étaient convaincus que leur Rebbe n’avait proféré
aucune parole médisante… et ils comprirent que l’amende qu’il avait
tenu à payer devant eux représentait une illustration pratique de la
leçon importante, à retenir…

Metsora
Le don de soi
« Celui à qui sera la maison ira le déclarer
au Cohen » (Vayikra 14 : 35).
Nos Sages enseignent qu’il y a sept raisons qui peuvent générer
l’affection lépreuse; l’une d’entre elles est l’égoïsme. Ceci
ressort du verset « Celui à qui sera la maison… », car cela
implique que le propriétaire de la maison affectée était particulièrement
possessif et qu’il était puni parce qu’il se réservait jalousement
sa maison et ne partageait aucun de ses biens avec autrui (Arkhin 16a).
Nos Sages affirment que l’avarice est le résultat immédiat de l’égocentrisme.
L’avare se réserve ses biens égoïstement parce qu’il n’est absolument
pas concerné par le bien-être d’autrui. Alors que nous sommes tous
coupables – du moins à un certain degré – d’égocentrisme, notre
souci naturel des autres nous incite à donner. Bien qu’il soit légitime
d’assumer ses désirs et besoins, un Juif qui se doit de s’inquiéter
du sort de son prochain. La question se pose de savoir jusqu’où nous
sommes prêts à renoncer à notre bien-être pour aider autrui. Celui
qui était puni de Tsaraat (forme de lèpre) n’était pas prêt, lui,
à partager quoi que ce soit avec son prochain, parce qu’il ne s’intéressait
qu’à lui-même, à son propre sort exclusivement.
Personne n’est tout à fait innocent à cet égard. Dans son ouvrage
Ahavat
Hessed (2e partie) le Hafetz Haïm précise que les gens peuvent avoir
toutes sortes de raisons différentes quand il s’agit d’aider leur
prochain. « Certaines personnes refusent de
donner parce que cela les dérange de voir "les autres" bénéficier de
leur argent.
Cette attitude déplorable entraîne ainsi ladite personne à perdre
tout sens de compassion ou de pitié à l’égard de son prochain et la
rend imperméable à la souffrance et aux plaintes du pauvre. A l’extrême,
cette attitude peut même mener à l’effusion de sang ».
Le Rav Yoshua ben Levi enseignait (Sota 38) que la Egla Arufa
(la génisse dont on brisait le cou pour expier les fautes du peuple) était
sacrifiée seulement en raison du péché d’avarice.
La Guemara explique que lorsque les anciens de la ville déclaraient
« Nos mains n’ont pas fait couler ce sang
» ils ne faisaient pas allusion à un meurtre proprement
dit mais à la cause indirecte – l’indifférence à autrui – qui
avait provoqué la mort de l’homme en question. Il est évident que personne
n’aurait accusé les anciens de la ville de crime, mais ils se devaient
d’affirmer solennellement qu’ils n’étaient, en aucune manière,
même indirecte, responsables de la mort de cet homme qui avait péri aux
environs de la ville.
Nous tirons de cet épisode, continue le Hafetz Haïm, que si quelqu’un
est sollicité par un proche pour de l’aide et qu’il refuse et, au
cas où il arriverait malheur à cette personne, celui qui se sera dérobé
sera tenu pour responsable. Par exemple, si l’homme mourait de faim,
la Torah qualifie celui qui a refusé son assistance, de criminel ! Non
seulement un Juif se doit d’être généreux, mais il doit également
s’éloigner des avares. La Guemara (Sota) enseigne que
si quelqu’un bénéficie de l’aide d’un avare, il transgresse un
commandement négatif de la Torah, car il est écrit «
Ne mange pas le pain d’un avare et ne convoites pas ses faveurs, mange
et bois, te dira-t-il mais son cœur n’y est pas » (Proverbes 23 : 6).
Et pourtant, bien que la tendance de chacun d’entre nous soit d’investir
son énergie pour la satisfaction de ses besoins personnels, il est vivement
recommandé de nous entraîner constamment à penser à l’amélioration
du sort des démunis et leur offrir notre aide généreusement.
Il est bon, par exemple, d’encourager les membres de sa famille à
prêter à autrui et il est recommandé, à cet effet, de garder tout objet
qui semble superflu, en vue de le prêter, au besoin, à son prochain.
Ainsi, si une personne venait à frapper à notre porte, nous ne la renverrions
pas les mains vides et l’Eternel nous le rendra au septuple… (Pele
Yoetz).

Un homme vint rendre visite, un jour, au Tsadik Rav Moshé de Kauvrin
et se plaignit à lui de ses faibles revenus. Il précisa au Rav que son
voisin était, lui, un boutiquier prospère. «
Dès que tu te réjouiras de la fortune de ton voisin, à ton tour tu commenceras
à gagner beaucoup plus » dit le Rav à son visiteur «
Cela peut paraître difficile au début, mais tu devras prier Hakadoch
Baroukh Hou de faire fructifier les affaires de ton voisin. Tu commenceras
à le dire du bout des lèvres mais avec le temps, tu le diras avec ton
coeur parce que tes affaires iront de mieux en mieux ! » (Gvi’ei Zahav).

Chemini
La pure Vérité
« Moïse entendit et approuva…
» (Vayikra 10 : 20).
Rachi commente « Il reconnut son
erreur et n’eut pas honte de dire :
Je ne m’en souvenais plus ».
La Guemara (Zevahim 101a) précise : il reconnut et, au lieu
de dire « Je ne l’avais pas appris
»,
il n’eut pas honte de dire « Je l’ai appris
mais je l’ai oublié ». Moïse
avait oublié que
l’ordre de consommer la viande, tout en étant en deuil, ne concernait
que les sacrifices exceptionnels et non les sacrifices permanents.
De plus, il tint à faire une déclaration devant tout le peuple pour
reconnaître qu’il avait oublié cette règle et que c’est son frère
Aaron
qui
la lui rappela.
Pourquoi Moïse insista-t-il autant pour informer le peuple de son
erreur ?
Tout simplement, pour enseigner au peuple juif des temps présent et
à venir qu’un homme, quelle que soit son importance, se devait de reconnaître
son erreur et se plier aux exigences de la Vérité.
Le Steppler précise que la grandeur de Moïse Rabénou était
telle qu’il ne supportait pas d’exprimer une parole qui ne fut complètement
vraie, même si ce faisant, elle pouvait lui causer une gêne certaine.
En fait, il n’aurait pas menti s’il avait simplement dit « Je ne
sais pas » mais ce n’était pas l’exacte vérité et il tint à
dire à toute la nation que, bien qu’il ait appris cette Halakha, il
l’avait oubliée…
Nous retrouvons souvent dans la Guemara, un Tana ou un Amora, qui dit
« Ce que je vous ai dit précédemment est
erroné » (Shabbat 63b, Erouvim 16b) et nos Maîtres informent
le lecteur de treize endroits dans la Guemara où l’on trouve cette expression.
Rabba Bar Houna expliquait « qu’une
personne ne peut réussir dans l’étude de la Torah sans trébucher de
nombreuses fois le long du chemin ».
Rachi précise qu’une personne n’arrive à comprendre réellement
qu’après s’être trompé et avoir reconnu son erreur, ce qui lui permet
de ré-analyser le concept jusqu’à ce qu’il devienne tout à fait
clair à ses yeux… Pour sa part, Rachi a plusieurs fois indiqué très
humblement « Je ne connais pas cette source…
».

Le Rav Zalman Meltzer voyagea un jour à Drozgnick pour rendre
visite au Rav Haïm Solvechik.
A cette occasion, le Rav Haïm raconta au Rav Zalman un événement
qui se produisit lorsqu’il commença à enseigner à la Yechiva de Volozhin.
«
Comme cela arrive souvent à l’occasion
d’une nomination, il y eut certaines personnes qui n’approuvèrent
pas ma désignation; au cours des premiers jours, je donnais une leçon
et, après avoir lu la Guemara, je dis aux étudiants « Je n’ai aucun
commentaire à faire sur cette Guemara et je descendis de ma chaire.
»
Les étudiants furent évidemment très choqués par mon attitude .
Le Rav Haïm expliqua à Rav Zalman pourquoi il s’était comporté
ainsi : « Sur mon chemin vers la Yechiva,
ce jour-là, je pensais à cette Guemara et réalisais que certains passages
étaient pratiquement incompréhensibles, d’autant que plusieurs autres
Guemarot opposaient un démenti à tout ce que je me proposais de dire.
Je savais pourtant que personne n’aurait songé à ces contradictions…
Alors que je m’approchais de la Yechiva, je trouvais une réponse fantastique
et j’étais convaincu que ma nouvelle approche allait séduire les étudiants…
mais n’étant pas sûr à cent pour cent que ma thèse était réellement
vraie, je décidais finalement de ne pas la livrer et c’est pourquoi
j’ai évité de donner un avis sur cette Guemara » (Derekh Etz Haïm).
A l’occasion de l’audition du Rav Chlomo Zalman Auerbach
pour le poste de Roch Yechiva de la Yechiva Kol Torah, le Rav Yona Martzbach
lui posa une question de Guemara et, sans hésitation aucune, le Rav Chlomo
Zalman répondit : « Je ne sais pas
».
Quand il rentra chez lui, il dit à sa femme que l’entretien avait
été difficile et qu’il ne serait certainement pas accepté à la tête
de la Yechiva… Sur ces entre faits, le Rav Yona apparut sur le seuil
de la porte du domicile de Rav Zalman et lui dit «
Au
nom du Comité de la Yechiva, je vous prie instamment d’accepter de devenir
notre Roch Yechiva; notre décision a été prise à l’unanimité ».
Le Rav Yona tint à préciser au Rav Zalman que sa désignation était
due justement du fait de sa réponse « Je
ne sais pas » qui avait entraîné l’unanimité. « Quand
vous avez répondu que vous ne connaissiez pas la réponse, j’ai perçu
la lumière de vérité qui brûlait en vous. Vous saviez combien l’interview
était primordiale pour votre nomination et pourtant vous n’avez pas
essayé d’éluder la question ou de la contourner et votre franchise
nous a amenés à conclure que vous étiez la personne que Dieu nous avait
envoyée pour diriger notre Yechiva. Nos étudiants pourront ainsi s’inspirer
de votre honnêteté et de votre quête de vérité, ce qui les aidera
à s’élever dans la connaissance de la Torah et des Midot Tovot …
»
Quand le Rav Yona finit de s’exprimer, le Rav Chlomo Zalman prit la
liberté de lui dire qu’il aurait pu répondre à la question posée
de différentes manières mais qu’il craignait que sa réponse ne fut
pas tout à fait conforme à la Vérité (Hameor Hagadol).

Tsav
L’enthousiasme et
la ferveur
« Tsav ete Aaron véet banav » « Ordonne
à Aaron et à ses enfants… » (Vayikra 6 : 2).
Rachi définit le terme « Tsav » comme un encouragement.
La volonté intime d’Hakadoch Baroukh Hou était que Moïse incite Aaron
et ses fils à s’investir profondément dans l’accomplissement de leur
service dans le Michkan (Tente d’Assignation); C’était également
la volonté de l’Eternel que Moïse inculque aux générations futures
la réalisation des Mitsvot dans la ferveur et l’enthousiasme.
Tana Dévei Rav Ichmaël (Keddochim 29) justifie ces deux intentions
en apportant les versets suivants : Vaéthanan
(3 : 28) : « Donne
des instructions à Josué, exhorte-le au courage et à la résolution
»
pour ce qui concerne la ferveur; et pour l’idée du zèle dans l’accomplissement
des Mitsvot par les générations futures, il cite le verset de Shelah
Lekha (Bamidbar 15 : 23) «
Depuis l’époque
où l’Eternel l’a prescrit pour les générations futures
».
Rabbi Chimon affirme qu’il est particulièrement important
d’inciter les gens à accomplir des Mitsvot qui engendrent un sacrifice
financier, et selon Ohr Ha ‘Haïm, qui entraînent une gêne réelle
(Torat
Cohanim).
Pourquoi faut-il encourager le peuple avec plus d’insistance lorsqu’il
s’agit de lui faire subir une dépense ? La réponse est fondée sur
le principe bien connu que l’homme balance sans cesse entre ses instincts
matériels et sa spiritualité.
Naturellement, son aptitude spirituelle le pousse à accomplir des
Mitsvot alors que sa tendance matérielle l’incite à satisfaire, d’abord
ses besoins, puis ses plaisirs.
On peut observer qu’une personne aura plus de facilité à accomplir
des Mitsvot pour en retirer un bien être concret, tangible, comme le Seder
de Pessah ou les repas de fête, que de se conformer régulièrement au
port des tsitsit ou des tefilin… De plus, si la mitsva entraîne une
réduction de la satisfaction matérielle ou une dépense, cela crée,
à l’évidence, un conflit entre sa tendance spirituelle et ses exigences
matérielles.
Il s’avère ainsi particulièrement difficile de s’astreindre au
jeûne et à la pratique de la mitsva de la Tsedaka.
Nos Sages nous enseignent que le fait de se sentir obligé de faire
quelque chose génère automatiquement une grande résistance
(Quidouchim
31a) et c’est pourquoi à l’occasion de chacun des commandements
la Torah nous encourage à surmonter les obstacles qui pourraient nous
empêcher de remplir nos obligations… Mais comment un commandement spirituel
pourrait-il influer sur la tendance matérialiste de l’homme ?
Le Sfat Emet explique que lorsqu’une personne est satisfaite
et heureuse de ce qu’elle a accompli, elle ressent le vif désir de continuer
dans cette voie; donc, si une personne apprécie l’ampleur de chaque
mitsva qu’elle réalise et les résonances importantes qu’elle produit
dans les Cieux, elle continuera à s’investir profondément dans cette
voie. « Vé ata tetsavé… Et tu ordonneras
» était en fait un encouragement à l’intention de Moïse afin qu’il
incite le peuple à montrer de l’enthousiasme et de la ferveur dans la
pratique des Mitsvot, car c’est la que se situe le secret de la plénitude
dans l’accomplissement de la volonté divine (Mayanot Hanetsah).

Un samedi soir d’hiver, le Rav Raphaël Baroukh Tolédano était
malade et alité dans sa ville de Meknes. Certains visiteurs lui rapportèrent
qu’un certain juif d’Oujda avait subi récemment une importante faillite
et qu’il était poursuivi par ses créanciers et ses garants qui avaient
même menacé sa vie…
A ces mots, le Rav Raphaël Baroukh sauta de son lit et décida de
se rendre le soir même à Oujda, distante de 400 km de Meknes, pour aller
aider cet homme dans la détresse.
La famille du Rav s’interposa pour le dissuader de voyager dans son
état, mais rien ne l’arrêta « La vie de
cet homme est en danger et je me dois d’accourir auprès de lui; de plus,
rassurez-vous, comme je voyage pour une mitsva, il ne m’arrivera aucun
mal » déclara-t-il.
Le Rav Tolédano mit son manteau et se rendit à la gare…
Il voyagea pendant neuf heures pour atteindre Oujda. A peine arrivé,
il alla immédiatement rendre visite aux créditeurs et aux garants…
Après de longues négociations, il arriva à conclure un accord; Il obtint
une réduction définitive de 50% de la dette et il s’engagea à collecter
les 50% restants pour le compte des créanciers. Dès après le rendez-vous,
le Rav Tolédano s’en alla convaincre les riches membres de la communauté
d’Oujda d’assumer les sommes restant dues. Ce qui fut fait très rapidement.
Mais pour le Rav Tolédano, cette mission restait incomplète à ses
yeux et il ne quitta Oujda qu’après avoir collecté une nouvelle somme
de 600.000 Francs pour permettre à son protégé d’assumer ses besoins
et afin qu’il puisse se rétablir dignement. (Ohrot mi Mizrah).

Vayikra
La probité
« Si un homme, parmi vous, veut offrir
à l’Eternel une offrande de bétail… » (Vayikra 1 : 2).
Rachi commente « Un homme » (adam) implique que l’offrande
de tout homme doit pouvoir être comparée à celle d’Adam le premier
homme.
De même que Adam n’apporta aucune offrande qui ne soit sa propriété
pleine et entière, personne ne pourrait apporter une offrande provenant
d’un vol ou d’une origine douteuse (Midrash).
Pourquoi est-il nécessaire de faire état de cette interdiction une
nouvelle fois alors que la Torah a déjà clairement signifié l’interdiction
formelle du vol ? En fait, il existe un verset dans Isaïe (61 :8) qui
précise « Parce que Moi, l’Eternel, j’aime
la Justice et déteste les sacrifices provenant du vol ».
Que peut-on tirer comme leçon nouvelle des mots « Si un homme,
parmi vous… » ?
Les commentateurs expliquent qu’il n’était nul besoin, pour la
Torah, de répéter l’interdiction d’apporter des bêtes volées en
sacrifice,
donc ce message devait certainement avoir une signification différente
ou complémentaire.
En fait, en comparant nos sacrifices à ceux d’Adam, la Torah insiste
pour nous préciser qu’un bien ou une somme d’argent acquise avec la
moindre trace de malhonnêteté, ne saurait être apporté en offrande.
Si, par exemple, une personne se prétend abusivement Talmid ‘Hakham
et, de ce fait, reçoit une assistance de personnes qui souhaitent aider
les étudiants en Torah, la somme ou le bien reçu ainsi, est considéré
comme le fruit d’un abus de confiance pur et simple.
Autre exemple : lorsqu’une personne demande de l’argent à un ami
et que celui-ci, trop embarrassé pour le lui refuser, y consent malgré
tout, il ne le fait pas de bon coeur… dans ce cas, l’Eternel ne souhaite
pas une offrande provenant de cet argent.
Au début de la section Terouma, Dieu dit à Moïse : « Qu’ils
prennent pour Moi un prélèvement de tout homme qui s’exécutera de
bon coeur
». C’est de cette seule manière que Dieu aime
à accepter une offrande. Et il doit s’agir d’un bien personnel. C’est
pourquoi, la section Michpatim qui concerne les questions d’argent, les
lois civiles et commerciales, précède la Paracha Terouma qui, elle, traite
des offrandes en vue de la construction du Michkan.
Avant de faire un don, il faut s’assurer que cette Mitsva sera accomplie
par des voies honnêtes. A défaut, la Mitsva est considérée comme provenant
d’une malversation « Ainsi la Justice est
flouée et la vertu se tient à distance » dit un verset
d’Isaïe.
Il arrive en effet, qu’une personne, après avoir détourné des
sommes importantes, décide de faire un don conséquent, pensant qu’il
effacera ainsi ses mauvaises actions et qu’il obtiendra son expiation.
Le Kli Yakar fait un rapprochement entre le verset (1 : 2)
de Vayikra (cité plus haut) et les versets de Kedochim (19 : 10,
11) « Tu ne recueilleras point les grains
épars de ta vigne… abandonne-les au pauvre, à l’étranger; Je suis
l’Eternel Ton Dieu – Tu ne commettras point de vol… ».
Quel rapport pourrait-il y avoir entre l’interdiction du vol et le
fait de laisser une part aux pauvres ? Peut-être pour nous enseigner que
la mitsva de Pea, Leket et Chikha (prélèvements sur les récoltes)
destinée aux pauvres, ne suffira pas à « laver l’argent sale
».
En fait, la Torah veut nous préciser que, même si l’on accomplit
la mitsva relative aux pauvres, on reste pleinement responsable des transactions
illicites qu’on pourrait commettre…
Le Gaon de Vilna affirmait qu’un croyant ne verra pas fructifier
son étude de la Torah si, chez lui, il existe même une seule épingle
ne lui appartenant pas parce que, dit-il, « L’Eternel
ne fait demeurer sa Chekhina que sur ses loyaux serviteurs qui se refusent
à toute action malhonnête ».

Quand le Rav Schlomo Zalman Auerbach devint Roch Yechiva de Kol
Torah à Baït Vagan, il empruntait quotidiennement l’autobus depuis
Shaaré Hessed où il demeurait. Le Comité de la Yechiva l’incita à
prendre un taxi aux frais de l’institution mais le Rabbi refusa net.
« l’argent appartient à la Yechiva
et il doit servir exclusivement à des actions de bienfaisance et non pour
payer des taxis ! » dit-il.
Mais les membres du Comité eurent une idée « Cela
vous demande au moins une demi-heure de plus pour voyager en autobus plutôt
qu’en taxi, pourquoi ne pas consacrer cette précieuse demi-heure à
l’enseignement ? ». Considérant l’avantage dont ses
étudiants pourraient bénéficier, il se résigna à accepter de retourner
à son domicile en taxi (Ha Meor Hagadol).

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