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Les Midoth-Vayikra
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Paracha tirée du Livre :
Guide initiatique des VERTUS ESSENTIELLES
Rav Naftali WEINBERG 
et David COHEN 


L’Institut AHAVAT EMET

La paracha de la semaine tirée du:
"Guide initiatique des VERTUS ESSENTIELLES" 
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Bekhoukotaï 
L’importance de l’étude
 
 

 « Si vous vous conformez à Mes lois et respectez Mes préceptes, Je vous donnerai la pluie en son temps… et vous demeurerez en sécurité dans votre pays. Je ferai régner la paix… et le glaive ne traversera pas votre territoire… » (Vayikra 26 : 3 à 6).

Rachi commente : « Si vous concentrez vos efforts dans l’étude de la Torah en vue d’accomplir les Mitsvot, alors Je vous donnerai… ». Nous apprenons de ce verset que celui qui souhaite sincèrement faire une contribution réelle pour la protection du Peuple Juif et de la Terre d’Israël se doit uniquement de respecter la recommandation qui consiste à consacrer une partie de son temps à l’étude de la Torah et au respect des Mitsvot « ben adam lamakom et ben adam lahavero » (vis à vis de Dieu et vis à vis des hommes).
Seule, cette attitude peut apporter la paix et la prospérité dans le pays; plus la Torah est étudiée, plus les Mitsvot sont observées par le peuple et plus sûrement la pluie tombera en son temps avec abondance et la sécurité sera assurée. 
Le Midrach Rabba (Vayikra 35 : 6) nous apprend « L’épée et le Livre descendirent du Ciel entrelacés ».
Dieu dit au Peuple « Si vous observez ce qui est écrit dans ce Livre, vous serez sauvés de l’épée, à défaut l’épée vous transpercera ». C’est en effet l’absence de l’étude de la Torah et de l’observance de Mitsvot qui donne sa force à l’épée. 
C’est exactement ce que le Roi Ezechias (Roi de Juda 727 – 687 avant 0) illustra quand Senacherib et son immense armée assiégèrent Jérusalem. Rabbi Itshak le forgeron disait : « Le joug de Senacherib sera brisé sous l’action de l’huile d’Ezechias qui brûlait pour éclairer les maisons de prières et d’études ».
Qu’avait donc fait le Roi Ezechias ? Il avait planté un glaive à la porte de la Maison d’études et déclara : » Celui qui n’étudiera pas la Torah méritera d’être percé par ce glaive ! » Une enquête fut effectuée de Dan à Bershéva et l’on ne trouva pas un garçon, une fille, un homme ou une femme qui ne soit compétent en matière de règles concernant les lois de pureté et d’impureté … (Sanhedrin 94b).
Le Roi Ezechias affirmait que sans l’étude de la Torah, Sanacherib et ses hordes auraient été victorieux et que la seule chance du Peuple d’Israël résidait dans l’étude… C’est ce qui arriva… Le peuple prit à coeur les paroles de son roi et, miraculeusement, Senacherib fut défait. 
La leçon du Roi Ezechias est un exemple important pour toutes les générations… « Si nous abandonnons l’étude de la Torah et l’accomplissement des Mitsvot, pour adopter les tactiques de guerre de nos ennemis, nous ferons face, sans cesse, à de véritables tragédies.
Cependant, si nous adoptons la conduite de Yaakov face à Esaü et que nous nous tenions fermement à l’étude de la Torah, Hakadoch Baroukh Hou nous sauvera de ses mains » (Hafetz Haïm Al HaTorah).

Dans le quartier Mekor Haïm de Jérusalem, il existait une Yechiva dirigée – pendant la deuxième guerre mondiale – par le Rav Baroukh Levine. A quelques mètres de là se trouvait un sanatorium qui traversait une très grave crise financière et n’était pratiquement plus en mesure d’assurer les soins et une hygiène suffisante à ses pensionnaires; ceci posait un grave problème pour la santé des étudiants de la Yechiva voisine. 
 Le Rav Baroukh Levine alla quérir l’avis du Hazon Ich. Le Hazon Ich écouta avec beaucoup d’attention les propos du Roch Yechiva et lui conseilla finalement de maintenir la Yechiva à proximité du sanatorium malgré les dangers apparemment encourus. 
« La force de l’étude de la Torah protègera les étudiants de cette terrible maladie et, de plus, les malades pourront bénéficier du mérite de l’étude dispensée dans leur voisinage. Ils ont besoin de ce mérite autant qu’ils ont besoin de médecins et d’infirmières » dit-il. 
Le Rav Baroukh Levine suivit l’avis du Hazon Ich et avec l’aide de l’Eternel, aucun des étudiants de la Yechiva ne fut contaminé; en fait, contrairement aux autres personnes du voisinage qui fuyaient lorsqu’elles apercevaient les malades, les étudiants de la Yechiva n’hésitaient pas à se promener avec eux et ils ne furent jamais inquiétés (Toldot Itshak).

Pendant la guerre du Golfe en 1991, alors que les Scuds atteignaient Tel-Aviv, le Rav Haïm Kaniewski, disciple du Hazon Ich, dit aux gens de Bné Brak qu’ils pouvaient garder leurs masques pour Pourim parce que, du fait des dizaines de milliers de pages de Guemara qui étaient étudiées dans leur ville, ils étaient protégés de tout danger. Il y eut cependant une grande frayeur quand le vendredi soir de la Paracha Michpatim toute la ville fut abasourdie par le tumulte provoqué par la chute d’un Scud à proximité. « Les Scuds tombent sur Bné Brak » s’écria la Rabbanite Kaniewski à son mari. Mais le Rav la rassura calmement, lui affirmant que le missile n’était pas tombé à Bné Brak… Après Chabat, les gens allèrent s’enquérir de l’endroit exact où le Scud était tombé… En réalité, il était tombé à Ramat Gan juste à la limite de Bné Brak (Touvcha Yabihou)


Behar 
Aider son prochain
 
 

« Si ton frère vient à s’appauvrir et si tu le vois fléchir, à tes côtés, tu le soutiendras… » (Vayikra 25 : 35).

Rachi précise : N’attends pas que sa situation s’aggrave et qu’il chancelle car il sera alors beaucoup plus difficile de l’aider. Renforce-le plutôt dès que tu le vois commencer à vaciller.
Nos Sages nous proposent l’analogie suivante : Si un âne supporte une lourde charge et que celle-ci commence à glisser, il est possible à tout un chacun de la remettre en place. Cependant, lorsque la charge est tombée à terre, il faudra au moins 3 ou 4 personnes pour la rétablir sur le dos de l’animal. Commentant ce verset, le Midrach fait allusion au psaume (41 : 2) : « Heureux celui qui s’intéresse au pauvre. Au jour du malheur, l’Eternel le délivrera » et interprète le verset de la Torah (Vayikra 25 : 35) de manière suivante « Si ton frère s’appauvrit et que ses moyens fléchissent, en même temps que les tiens, tu dois le soutenir. 
En d’autres termes, même si tu es aussi pauvre que ton frère dans la détresse, tu dois malgré tout essayer de l’aider « Si tu prêtes attention à ton frère dans le besoin et que tu lui offres ton aide, malgré tes difficultés » poursuit le Midrach, « alors, l’Eternel te délivrera de tes propres soucis ! »

Le Hafetz Haïm insiste sur la nécessité pour un Juif de déployer tous ses moyens pour aider son prochain et, plus particulièrement, pour lui trouver un travail car tous ceux qui sont à la recherche d’un emploi relèvent du verset « Si ton frère vient à s’appauvrir… » et le Ramah va jusqu’à étendre l’obligation d’engager un frère juif, même si le salaire devait être légèrement supérieur… (Ahavat Hessed II, 21).

A l’occasion d’un Chabat, le Rav Uri de Sterilisk, connu sous le nom de Saraph (l’Ange) fut invité par son beau-frère, le Rav Menahem Mendel de Kossov. Parmi les invités, il y avait un certain Rav Moshé qui fut, en son temps, très riche et charitable mais fut victime d’un revers de fortune qui lui fit perdre tous ses biens. Il devint si pauvre qu’il ne pouvait plus assurer son loyer et son propriétaire devenait de plus en plus pressant. 
Il fit part de ses déboires au Rav Menahem Mendel qui, très troublé, lui proposa de s’en ouvrir à son beau-frère, le Saraph. Celui-ci reçut Rav Moshé et lui dit « Je comprends ta douleur, j’en suis très touché, aussi je me propose d’accomplir à ton intention toute particulière la mitsva du Mikvé (bain rituel)… Je me purifierai à ta seule intention et j’espère que cela pourra t’aider à résoudre tes problèmes ».
Lorsque Rav Moshé en informa le Rav Menahem Mendel, celui-ci l’incita à aller revoir le Saraph pour lui dire que la mitsva proposée n’allait sûrement pas lui permettre d’annuler ses dettes.
Rav Moshé s’en retourna alors chez le Saraph. Cette fois, il lui fut répondu « Mon fils, je suis prêt à vous conférer le mérite de mettre les Tefilin pour vous, à votre seule intention… »
La fois suivante, le Saraph lui offrit de prier pour lui, toute la journée. « Ainsi, avec l’accumulation de toutes ces prières et mitsvot, Dieu T’accordera sûrement Sa Protection et Son Aide », lui dit-il.
Mais le Rav Menahem Mendel ne fut pas satisfait par toutes ces propositions et s’en fut avec Rav Moshé rendre visite au Saraph. « Je ne cherchais pas à faire profiter Rav Moshé des tes mérites, je voulais simplement que tu m’accompagnes en vue de faire une collecte pour aider ce frère dans la peine, et ce, pour accomplir la mitsva « Tu le soutiendras… ».
Très rapidement, les deux Sages se rendirent ensemble chez les riches de la ville et purent ainsi récolter assez d’argent pour permettre à Rav Moshé de rembourser ses dettes et lui redonner sa dignité d’homme aisé et charitable (Sipouré Hassidim). 
 
 




Emor 
Eviter les conflits
 
 

 « Le fils d’une femme israélite et d’un homme égyptien, venu au milieu des enfants d’Israël, se querella dans le camp avec un homme israélite » (Vayikra 24 : 10).

Le Kli Yakar note que le verset ne fait pas mention des noms des deux hommes impliqués dans la querelle. Le fait même qu’ils étaient impliqués dans une dispute indique qu’il existait une imperfection dans leur ascendance. Ces hommes n’étaient pas le genre de personnes dont le peuple d’Israël aurait pu s’enorgueillir, et c’est pourquoi la Torah se retient de préciser leurs noms.
De même, la Guemara (Kedochim) relate qu’en observant les deux protagonistes, les enfants d’Israël étaient en mesure de déterminer celui d’entre eux qui avait une meilleure lignée !
Le premier à se tenir silencieux apporta ainsi la preuve qu’il était, intrinsèquement de meilleure lignée que son adversaire. En fonction de cette constatation, Rav conclut qu’une personne « cherchant son âme sœur » doit orienter ses recherches auprès des familles réputées tranquilles, car les gens de nature calme sont habituellement de bonne souche. Rav affirme également que si l’on assiste à une dispute entre deux personnes, on peut affirmer, sans se tromper, qu’au moins l’un d’entre eux est « entaché d’impureté » (Kedochim 71b).
Le Rav Itshak Abukav, auteur de Menora Hameor, souligne l’importance primordiale de l’attitude tendant à se tenir éloigné de toutes sortes de conflits. Le danger, précise le Rav, est que même des gens honorables peuvent tomber dans le piège !
Dans sa grande sagesse, le Roi Salomon nous en prévient : « Le Juste est avantagé par rapport à son prochain mais la voie des méchants l’égare » (12 : 26).

Un Sage, en principe, restera silencieux lorsqu’il sera confronté à une agression mais il pourrait ressentir que son honneur est atteint et, craignant d’être considéré comme manquant de courage aux yeux de son entourage, il pourrait réagir… de telle sorte que « le malfaisant qui a provoqué l’incident "l’égare" dans la voie des méchants ».
Aussi, doit-on toujours avoir à l’esprit que « C’est une gloire pour l’homme de s’abstenir de toute querelle » (Proverbes 20 : 3).
Celui qui souhaite bénéficier d’une vie sereine se doit d’endurer les railleries et les invectives plutôt que de s’engager dans une querelle.

Un certain rabbin avait gardé rancune à l’égard d’un de ses confrères qui l’avait humilié de nombreuses années auparavant. Très mécontent de cette inimitié entre les deux rabbins, le Rebbe de Gour, Rav Mordekhaï Alter, demanda à rencontrer le rabbin qui se sentait offensé et tenta de le persuader de pardonner à son offenseur. Peine perdue, l’offensé ne voulait rien entendre.
Alors, le Rebbe sortit une lettre de sa poche et la tendit au rabbin… Celui-ci commença à la lire et puis, après une ligne ou deux, son visage se décomposa littéralement… Ce qu’il lisait le mit à la fois en colère et lui faisait honte à la fois, de telle sorte qu’il ne put continuer à la lire… « Continue de lire, insista le Rebbe, je veux que tu la lises jusqu’au bout ».
La lettre avait été écrite par une personne qui en voulait terriblement au Rebbe et elle était pleine de mots grossiers et d’insultes… « J’ai reçu cette lettre il y a très longtemps… L’auteur est un homme d’affaires et il était convaincu que j’avais commis une injustice à son égard. Depuis le jour où j’ai reçu cette lettre, je l’ai lue tous les matins avant d’aller prier et, à chaque fois, je dis à l’Eternel que je pardonne à cet homme de tout mon coeur. Ensuite, je prie pour qu’il se porte bien et ne soit pas puni pour son erreur » (Roch Gola Ariel). 
 
 






Kedochim
Aimer son prochain de tout coeur
 
 

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Vayikra 19 : 18).

Pour Rabbi Akiva, il s’agit là de la règle la plus importante de la Torah. Et chacun se doit de se préoccuper du bien-être et des biens de son prochain comme de ses propres biens. Il est recommandé à tout un chacun d’honorer ses amis de même qu’il souhaite être respecté (Rambam Hilkhot Déot 6 : 3).

Dans le Sefer Hamitsvot, Rambam écrit notamment : « le 206éme commandement de la Torah est « d’aimer son prochain comme soi-même » et l’amour et la compassion pour les autres doit s’appliquer à tous les niveaux et dans toutes les circonstances. Nous nous devons de préparer à assurer pour l’autre ce que nous souhaitons pour nous-même. Si tu n’aimes pas quelque chose, assure-toi que ton ami ne risque pas d’en souffrir… C’est cela que veut dire la Torah au travers du verset "Aime ton prochain…" ».

Une question se pose : Pourquoi la Torah ajoute-t-elle deux mots « Ani Hachem » « Je suis Dieu » à ce verset ?
Les commentateurs expliquent que, au travers de ces mots, la Torah implique que les deux commandements sont liés, car le Peuple Juif a pour mission particulière d’aimer Dieu et son prochain. En effet, la démonstration de notre amour pour Dieu est le reflet de notre comportement à l’égard de notre prochain. A l’inverse, on ne peut aimer Dieu si l’on n’aime pas son frère ! C’est le message sous jacent du verset étudié.

Le Rav Moshé Eipstein, le Rebbe de Ozrover précise que cette idée est inhérente à l’écriture même du verset; la guématria (valeur numérique) des mots « Tu aimeras ton prochain comme toi même » est égale à la valeur des mots du verset « Vous aimerez Hachem votre Dieu »
Ceci enseigne que l’un n’est pas possible sans l’autre et il s’avère ainsi que les commandements relatifs à l’amour du prochain et à l’amour de Dieu sont intimement liés l’un l’autre.
C’est pour cette raison, que Rabbi Akiva affirmait que cette règle est la plus importante de la Torah, notamment parce qu’elle inclut les deux aspects fondamentaux de la Foi.
L’histoire est bien connue… Lorsqu’un homme se présenta à Hillel et lui demanda de lui résumer le judaïsme en quelques mots, le Maître lui répondit : « Ce qui te paraît détestable, ne le fais pas à ton prochain : ceci inclut toute la Torah ».



Un jeune couple rendit visite un jour au Rav Shimshon Pinkus… De graves problèmes opposaient le jeune couple et ils étaient sur le point de se séparer. Le Rav voulut s’informer précisément des raisons qui avaient engendré une situation aussi compromise. Il décida de les entendre chacun séparément; il demanda à la jeune femme la raison véritable de sa volonté de rompre avec son jeune mari. « Je ne peux plus le supporter; cela fait un an que nous sommes mariés et depuis il n’a jamais daigné me sourire ! » Il reçut ensuite le mari « Comment se fait-il que vous ne souriez jamais à votre épouse ? » Embarrassé, le jeune mari avoua au Rav qu’il avait une affreuse dentition qui l’enlaidissait et il avait donc décidé de s’astreindre à ne jamais sourire. « Je peux comprendre, dit le Rav, mais pourquoi ne pas consulter un dentiste ?
- J’aimerais bien mais vous savez certainement ce que coûte ce genre d’intervention et je n’en ai absolument pas les moyens, répondit le jeune homme.

Sans sourciller, le Rav tendit au jeune homme 2500 dollars et lui dit « Pour l’amour de l’entente conjugale, courez donc consulter un chirurgien dentiste ! 
Informée de ces faits, une relation proche du Rav lui exprima sa surprise « Je ne comprends pas, vous êtes couvert de dettes et vous arrivez à peine à nourrir votre famille, comment avez-vous pu donner 2500 dollars à ce jeune homme ?
Le Rav Shimshon fut surpris de cette question et répondit tout naturellement :
« Pourquoi avez-vous tant de difficultés à comprendre que je trouve tout à fait naturel de donner à un frère ce que j’aurais pu dépenser pour moi-même ? Il est lui aussi un enfant de l’Eternel ! »




Ahare Mot
La pureté dans la relation intime

« Parle aux enfants d’Israël et dis-leur : C’est Moi l’Eternel Votre Dieu ! Les pratiques du pays d’Egypte, où vous avez demeuré, vous ne les imiterez pas… » (Vayikra 18 : 2 & 3).

Rachi commente : les mœurs et les pratiques des Egyptiens et des Cananéens sont les plus dépravés de tous les peuples et vous n’imiterez pas leurs façons de faire, notamment dans leurs relations intimes.
Il s’agit de faire accéder les enfants d’Israël au niveau « d’un peuple de prêtres et de nation sainte » et c’est là l’objectif ultime des nombreuses lois figurant dans le Lévitique. Et pour atteindre ce but, la Torah a édicté des lois relatives à l’éducation morale et spirituelle, a précisé des préceptes relatifs au Service des Cohanim et à l’importance de la cacherout. 
De manière solennelle, l’Eternel a alors manifesté Sa Volonté personnelle pour édicter les lois relatives à la pureté des relations intimes et mettre en garde les enfants d’Israël contre leur transgression.
Il ne s’agit pas ici de préserver une hygiène, ou d’organiser des relations sociales : c’est un impératif divin et l’obéissance est imposée tout simplement parce que dans ce domaine l’Eternel nous en a donné l’ordre; la formule
« C’est Moi l’Eternel Votre Dieu » réapparaît à plusieurs reprises dans la Torah pour souligner l’importance primordiale de certaines lois morales fondamentales et, notamment, de celles relatives aux relations intimes et de la nécessité incontournable de s’y conformer.
En quoi les lois relatives aux mœurs constituent-t-elles une véritable révolution par rapport aux pratiques des civilisations Egyptiennes et Cananéennes où le peuple d’Israël a été amené à vivre ?
Ces civilisations voulaient ignorer toute ce qui pouvait restreindre, de quelque manière que ce soit, les rapports intimes, estimant toute limite ou entrave à cette liberté comme insupportable s’agissant d’une fonction naturelle, intime et personnelle.
La discipline imposée par Dieu, dans ce cadre, devient un instrument de spiritualisation de la fonction physique et une sublimation de l’activité « animale » en quête de pureté et tout cela pour faire accéder les enfants d’Israël au niveau 
« d’un peuple de prêtres et de nation sainte ».
La sainteté du peuple ne peut réellement se réaliser que dans la recherche et l’application des lois de la pureté des relations intimes.
En tête de toute la législation sociale de la Torah figure le commandement « Soyez prolifiques et multipliez-vous » (Berechit 1 : 28). Le mariage n’est donc pas simplement institué pour la concrétisation d’une relation affective mais aussi pour s’élever au rang d’une institution morale qui transcende les instincts naturels. 
C’est Dieu qui a donné l’ordre de contribuer activement à l’édification du peuple et le mariage juif ne se conçoit que lorsque sa réalité répond aux objectifs que l’Eternel nous a assignés. 
La violation téméraire de ces lois fondamentales n’est pas tolérable et l’évocation solennelle du Nom de l’Eternel, à l’occasion de comportements qui revêtent un caractère intime, vient nous rappeler l’omniprésence de Dieu et l’importance primordiale des règles relatives à la pureté des mœurs. Et tout cela pour se départir des pratiques abominables – dites libérales – des peuples parmi lesquels Israël a vécu.
Dans son Mishné Torah, Maïmonide s’est étendu longuement sur les relations sexuelles autorisées et interdites insistant sur l’aspect essentiel de ces lois qui s’opposent à la tendance générale des hommes à rechercher le plaisir, soulignant que le chemin de la vie sainte passe par l’autocontrôle et l’abstention de comportements animaux (La médecine tirée du Mishne Torah, Prof. Fred Rosner).

Un riche propriétaire avait un fils unique et il avait accueilli dans son foyer un orphelin du même âge pour lui tenir lieu de camarade d’étude. Or, cet orphelin, qui devint l’intime de la famille, se mit à devenir paresseux, insolent, délaissant ses études de sorte qu’il finit par se faire renvoyer de la maison de ses hôtes. 
Quant au fils unique, il subit grandement l’influence de son ancien ami; son père le convoqua et lui infligea une dure correction. Le fils demanda à son père pourquoi il s’était contenté d’éconduire son ami alors qu’il avait dû subir, lui, de graves punitions. 
Le père répondit que l’orphelin n’étant pas son enfant, il s’était ingénié à bien le traiter aussi longtemps qu’il s’était conduit convenablement mais qu’il avait dû le renvoyer du fait de son mauvais comportement. Mais toi, mon fils, reprit le père, comment pourrais-je te chasser ? Je ne t’abandonnerai jamais mais je t’infligerai autant de corrections qu’il le faudra pour te ramener sur le bon chemin… 
La même différence peut être relevée quant aux procédés employés par l’Eternel à l’égard d’Israël et des Nations.
« N’imitez pas leurs pratiques… car elles se sont souillées par ces moeurs et le pays de Canaan les a vomi… Mais vous, Enfants d’Israël, respectez Mes lois et Mes statuts car, à défaut, vous subirez des châtiments… Gardez Mes commandements en n’imitant pas ces comportements infâmes… Je suis l’Eternel, Votre Dieu… qui ne vous rejettera jamais » (Maguid Rav Jacob de Doubno). 


Tazria
Fuir la médisance
 

« Lorsqu’il se forme sur la peau d’un homme, une tumeur, une dartre ou une tache pouvant dégénérer en une lésion ulcéreuse de sa chair… » (Vayikra 13 : 2).

La lésion ulcéreuse (une maladie spirituelle à ne pas confondre avec la lèpre) est une punition sanctionnant sept péchés dont la médisance (Lachon Arah). La punition consécutive à la médisance est précisée dans le Psaume (101 :5) : « Quiconque calomnie son prochain, en secret, Je l’anéantirai… ». Le mot hébreu Atsmit (anéantir), explique la Guemara, est également un terme qui décrit la lésion ulcéreuse (Arkhin 16a).
Une question s’impose : si la lésion ulcéreuse est une punition pour la médisance, pourquoi seul le Peuple Juif est-il puni de cette affection ? La médisance est pourtant très répandue parmi les autres nations, alors pourquoi ne sont-elles pas sanctionnées de la même manière ? 
Rabbi Chlomo Gantzfried explique que la différence fondamentale entre le peuple d’Israël et les nations c’est l’unité de notre peuple; l’unité est une caractéristique du peuple juif qui n’a pas d’équivalent dans les autres peuples et même lorsque l’on constate une certaine unité parmi les nations, celle-ci n’est pas comparable à la nôtre. C’est pour cette raison que seuls les juifs sont dénommés « Adam, homme » au singulier du fait que le sens de l’unité est profondément ancrée dans leurs gènes… 
Et la médisance est punie plus sévèrement parce qu’elle entraîne la division justement dans un peuple où l’union doit se maintenir. Elle est une gifle infligée à l’essence même du Peuple Juif, ce qu’on ne peut pas dire dans le cas des autres nations et c’est pourquoi elle génère une punition aussi importante. 
C'est également la raison pour laquelle la personne ainsi condamnée doit demeurer dans l’isolement total : « Il a entraîné la division, en conséquence, il doit être séparé du reste de la communauté (Arkhin 16b).
C’est également la raison pour laquelle la personne affectée par la lésion ulcéreuse est amenée devant « Aaron Hacohen, le Grand Prêtre ou l’un de ses fils » (Vayikra 13 : 2).
Aaron Hacohen représentait l’unité; il aimait la paix et l’harmonie et les recherchait sans cesse…
Les commentateurs expliquent que, pendant la plaie de la mort des premiers nés, les chiens n’aboyèrent pas à l’encontre du peuple juif, comme pour indiquer que celui qui commet l’infraction de la médisance est considéré plus négativement qu’un chien qui, lui, avait respecté le silence.
Dans le « Devoir des Coeurs », Rabenou Baya Ibn Pekouda, écrit que, lorsqu’au terme de sa vie, un homme se présente pour être jugé par le Roi des Rois, il peut trouver dans son « dossier » des Mitsvot qu’il n’a jamais faites; lorsqu’il se renseigne sur cette erreur apparente, il lui est répondu : « Les Mitsvot de tous ceux qui ont médit à ton égard sont transférées à ton crédit et tes péchés sont transférés dans leur dossier ».
Rabbi Yehouda expliquait qu’aucun mérite n’est garanti à une personne si elle n’a pas la force de se retenir et de s’éloigner de la médisance et, ainsi que le disait Rabenou Ibn Pekouda, une personne peut perdre sa place dans le Monde futur au profit des personnes contre lesquelles elle a proféré des propos médisants.

Rabbi Moshé David Solveitchik raconte l’anecdote suivante au sujet d’un homme de Brisk qu’on surnommait, en se moquant, « l’homme de vérité ». On l’avait appelé comme cela parce qu’il avait la réputation de toujours dire toute la vérité de telle sorte qu’il fit échouer des unions conjugales éventuelles en révélant trop de détails sur les prétendants au mariage. 
Un jour, le Tsadik Rav Chalom Menaché, rendait visite au Rabbi Haïm Solveitchik à son domicile quand « l’homme de vérité » entra. Le Rav Menaché se retourna vers lui et dit : « Il n’y a pas de doute que la vérité est extrêmement importante. Nos Maîtres nous ont enseigné que la vérité apporte la lumière dans le monde. Cependant, il y a aussi des occasions où trop d’honnêteté peut détruire le monde. Tout ne mérite pas d’être toujours dit (Ouvdot Brisk).
Dans sa Yechiva, le Rav Yehouda Tzaddok institua une règle selon laquelle tout celui qui profèrerait une parole médisante devait aller l’avouer au Rosh Yechiva et payer une amende à chaque fois qu’il parlait négativement au sujet de quelqu’un. Les étudiants se conformèrent à cette règle et vinrent voir le Rosh Yechiva à chaque incartade. 
Un étudiant fut accusé par ses amis d’avoir fait un Lachon Arah, mais celui-ci refusa de l’admettre et, pour se défendre, il insista à répéter à huit reprises ses dénégations… L’affaire fut soumise au Rav Yehouda qui infligea au jeune homme une amende pour chacune des fois où il apporta sa contestation.
Lorsque l’étudiant s’exécuta, le Rav Yehouda apaisa l’étudiant en lui disant que, ce faisant, il s’était acquis une part du monde Futur. Combien cela vaut-il de s’acheter un costume dans ce monde ? Et là, tu as acheté une place dans le monde éternel pour juste quelques pièces !
Il arriva même qu’une fois, le Rav Yehouda dépose une pièce sur la table devant ses étudiants les informant qu’il payait une amende parce qu’il craignait que, pendant une conversation qu’il avait eue la veille, il aurait pu dire quelque chose qui ressemblait à de la médisance. 
Les étudiants étaient convaincus que leur Rebbe n’avait proféré aucune parole médisante… et ils comprirent que l’amende qu’il avait tenu à payer devant eux représentait une illustration pratique de la leçon importante, à retenir… 

Metsora
Le don de soi
 
 

« Celui à qui sera la maison ira le déclarer au Cohen » (Vayikra 14 : 35).

Nos Sages enseignent qu’il y a sept raisons qui peuvent générer l’affection lépreuse; l’une d’entre elles est l’égoïsme. Ceci ressort du verset « Celui à qui sera la maison… », car cela implique que le propriétaire de la maison affectée était particulièrement possessif et qu’il était puni parce qu’il se réservait jalousement sa maison et ne partageait aucun de ses biens avec autrui (Arkhin 16a).

Nos Sages affirment que l’avarice est le résultat immédiat de l’égocentrisme. L’avare se réserve ses biens égoïstement parce qu’il n’est absolument pas concerné par le bien-être d’autrui. Alors que nous sommes tous coupables – du moins à un certain degré – d’égocentrisme, notre souci naturel des autres nous incite à donner. Bien qu’il soit légitime d’assumer ses désirs et besoins, un Juif qui se doit de s’inquiéter du sort de son prochain. La question se pose de savoir jusqu’où nous sommes prêts à renoncer à notre bien-être pour aider autrui. Celui qui était puni de Tsaraat (forme de lèpre) n’était pas prêt, lui, à partager quoi que ce soit avec son prochain, parce qu’il ne s’intéressait qu’à lui-même, à son propre sort exclusivement.

Personne n’est tout à fait innocent à cet égard. Dans son ouvrage Ahavat Hessed (2e partie) le Hafetz Haïm précise que les gens peuvent avoir toutes sortes de raisons différentes quand il s’agit d’aider leur prochain. « Certaines personnes refusent de donner parce que cela les dérange de voir "les autres" bénéficier de leur argent.
Cette attitude déplorable entraîne ainsi ladite personne à perdre tout sens de compassion ou de pitié à l’égard de son prochain et la rend imperméable à la souffrance et aux plaintes du pauvre. A l’extrême, cette attitude peut même mener à l’effusion de sang ».
Le Rav Yoshua ben Levi enseignait (Sota 38) que la Egla Arufa (la génisse dont on brisait le cou pour expier les fautes du peuple) était sacrifiée seulement en raison du péché d’avarice.
La Guemara explique que lorsque les anciens de la ville déclaraient « Nos mains n’ont pas fait couler ce sang » ils ne faisaient pas allusion à un meurtre proprement dit mais à la cause indirecte – l’indifférence à autrui – qui avait provoqué la mort de l’homme en question. Il est évident que personne n’aurait accusé les anciens de la ville de crime, mais ils se devaient d’affirmer solennellement qu’ils n’étaient, en aucune manière, même indirecte, responsables de la mort de cet homme qui avait péri aux environs de la ville.
Nous tirons de cet épisode, continue le Hafetz Haïm, que si quelqu’un est sollicité par un proche pour de l’aide et qu’il refuse et, au cas où il arriverait malheur à cette personne, celui qui se sera dérobé sera tenu pour responsable. Par exemple, si l’homme mourait de faim, la Torah qualifie celui qui a refusé son assistance, de criminel ! Non seulement un Juif se doit d’être généreux, mais il doit également s’éloigner des avares. La Guemara (Sota) enseigne que si quelqu’un bénéficie de l’aide d’un avare, il transgresse un commandement négatif de la Torah, car il est écrit « Ne mange pas le pain d’un avare et ne convoites pas ses faveurs, mange et bois, te dira-t-il mais son cœur n’y est pas » (Proverbes 23 : 6).

Et pourtant, bien que la tendance de chacun d’entre nous soit d’investir son énergie pour la satisfaction de ses besoins personnels, il est vivement recommandé de nous entraîner constamment à penser à l’amélioration du sort des démunis et leur offrir notre aide généreusement.
Il est bon, par exemple, d’encourager les membres de sa famille à prêter à autrui et il est recommandé, à cet effet, de garder tout objet qui semble superflu, en vue de le prêter, au besoin, à son prochain. Ainsi, si une personne venait à frapper à notre porte, nous ne la renverrions pas les mains vides et l’Eternel nous le rendra au septuple… (Pele Yoetz).

Un homme vint rendre visite, un jour, au Tsadik Rav Moshé de Kauvrin et se plaignit à lui de ses faibles revenus. Il précisa au Rav que son voisin était, lui, un boutiquier prospère. « Dès que tu te réjouiras de la fortune de ton voisin, à ton tour tu commenceras à gagner beaucoup plus » dit le Rav à son visiteur « Cela peut paraître difficile au début, mais tu devras prier Hakadoch Baroukh Hou de faire fructifier les affaires de ton voisin. Tu commenceras à le dire du bout des lèvres mais avec le temps, tu le diras avec ton coeur parce que tes affaires iront de mieux en mieux ! » (Gvi’ei Zahav).





Chemini 
La pure Vérité
 
 

 « Moïse entendit et approuva… » (Vayikra 10 : 20). 

Rachi commente « Il reconnut son erreur et n’eut pas honte de dire : Je ne m’en souvenais plus »
La Guemara (Zevahim 101a) précise : il reconnut et, au lieu de dire « Je ne l’avais pas appris », il n’eut pas honte de dire « Je l’ai appris mais je l’ai oublié ». Moïse avait oublié que l’ordre de consommer la viande, tout en étant en deuil, ne concernait que les sacrifices exceptionnels et non les sacrifices permanents. 
De plus, il tint à faire une déclaration devant tout le peuple pour reconnaître qu’il avait oublié cette règle et que c’est son frère Aaron qui la lui rappela.
Pourquoi Moïse insista-t-il autant pour informer le peuple de son erreur ? 
Tout simplement, pour enseigner au peuple juif des temps présent et à venir qu’un homme, quelle que soit son importance, se devait de reconnaître son erreur et se plier aux exigences de la Vérité.
Le Steppler précise que la grandeur de Moïse Rabénou était telle qu’il ne supportait pas d’exprimer une parole qui ne fut complètement vraie, même si ce faisant, elle pouvait lui causer une gêne certaine. En fait, il n’aurait pas menti s’il avait simplement dit « Je ne sais pas » mais ce n’était pas l’exacte vérité et il tint à dire à toute la nation que, bien qu’il ait appris cette Halakha, il l’avait oubliée… 
Nous retrouvons souvent dans la Guemara, un Tana ou un Amora, qui dit « Ce que je vous ai dit précédemment est erroné » (Shabbat 63b, Erouvim 16b) et nos Maîtres informent le lecteur de treize endroits dans la Guemara où l’on trouve cette expression. 
Rabba Bar Houna expliquait « qu’une personne ne peut réussir dans l’étude de la Torah sans trébucher de nombreuses fois le long du chemin ».
Rachi précise qu’une personne n’arrive à comprendre réellement qu’après s’être trompé et avoir reconnu son erreur, ce qui lui permet de ré-analyser le concept jusqu’à ce qu’il devienne tout à fait clair à ses yeux… Pour sa part, Rachi a plusieurs fois indiqué très humblement « Je ne connais pas cette source… ».

Le Rav Zalman Meltzer voyagea un jour à Drozgnick pour rendre visite au Rav Haïm Solvechik
A cette occasion, le Rav Haïm raconta au Rav Zalman un événement qui se produisit lorsqu’il commença à enseigner à la Yechiva de Volozhin. « Comme cela arrive souvent à l’occasion d’une nomination, il y eut certaines personnes qui n’approuvèrent pas ma désignation; au cours des premiers jours, je donnais une leçon et, après avoir lu la Guemara, je dis aux étudiants « Je n’ai aucun commentaire à faire sur cette Guemara et je descendis de ma chaire. »
Les étudiants furent évidemment très choqués par mon attitude . 
Le Rav Haïm expliqua à Rav Zalman pourquoi il s’était comporté ainsi : « Sur mon chemin vers la Yechiva, ce jour-là, je pensais à cette Guemara et réalisais que certains passages étaient pratiquement incompréhensibles, d’autant que plusieurs autres Guemarot opposaient un démenti à tout ce que je me proposais de dire. Je savais pourtant que personne n’aurait songé à ces contradictions… Alors que je m’approchais de la Yechiva, je trouvais une réponse fantastique et j’étais convaincu que ma nouvelle approche allait séduire les étudiants… mais n’étant pas sûr à cent pour cent que ma thèse était réellement vraie, je décidais finalement de ne pas la livrer et c’est pourquoi j’ai évité de donner un avis sur cette Guemara » (Derekh Etz Haïm).

A l’occasion de l’audition du Rav Chlomo Zalman Auerbach pour le poste de Roch Yechiva de la Yechiva Kol Torah, le Rav Yona Martzbach lui posa une question de Guemara et, sans hésitation aucune, le Rav Chlomo Zalman répondit : « Je ne sais pas ». 
Quand il rentra chez lui, il dit à sa femme que l’entretien avait été difficile et qu’il ne serait certainement pas accepté à la tête de la Yechiva… Sur ces entre faits, le Rav Yona apparut sur le seuil de la porte du domicile de Rav Zalman et lui dit « Au nom du Comité de la Yechiva, je vous prie instamment d’accepter de devenir notre Roch Yechiva; notre décision a été prise à l’unanimité ».
Le Rav Yona tint à préciser au Rav Zalman que sa désignation était due justement du fait de sa réponse « Je ne sais pas » qui avait entraîné l’unanimité. « Quand vous avez répondu que vous ne connaissiez pas la réponse, j’ai perçu la lumière de vérité qui brûlait en vous. Vous saviez combien l’interview était primordiale pour votre nomination et pourtant vous n’avez pas essayé d’éluder la question ou de la contourner et votre franchise nous a amenés à conclure que vous étiez la personne que Dieu nous avait envoyée pour diriger notre Yechiva. Nos étudiants pourront ainsi s’inspirer de votre honnêteté et de votre quête de vérité, ce qui les aidera à s’élever dans la connaissance de la Torah et des Midot Tovot … »

Quand le Rav Yona finit de s’exprimer, le Rav Chlomo Zalman prit la liberté de lui dire qu’il aurait pu répondre à la question posée de différentes manières mais qu’il craignait que sa réponse ne fut pas tout à fait conforme à la Vérité (Hameor Hagadol). 
 
 


Tsav 
L’enthousiasme et la ferveur
 

« Tsav ete Aaron véet banav » « Ordonne à Aaron et à ses enfants… » (Vayikra 6 : 2). 

Rachi définit le terme « Tsav » comme un encouragement. La volonté intime d’Hakadoch Baroukh Hou était que Moïse incite Aaron et ses fils à s’investir profondément dans l’accomplissement de leur service dans le Michkan (Tente d’Assignation); C’était également la volonté de l’Eternel que Moïse inculque aux générations futures la réalisation des Mitsvot dans la ferveur et l’enthousiasme. 

Tana Dévei Rav Ichmaël (Keddochim 29) justifie ces deux intentions en apportant les versets suivants : Vaéthanan (3 : 28) : « Donne des instructions à Josué, exhorte-le au courage et à la résolution » pour ce qui concerne la ferveur; et pour l’idée du zèle dans l’accomplissement des Mitsvot par les générations futures, il cite le verset de Shelah Lekha (Bamidbar 15 : 23) « Depuis l’époque où l’Eternel l’a prescrit pour les générations futures ».
Rabbi Chimon affirme qu’il est particulièrement important d’inciter les gens à accomplir des Mitsvot qui engendrent un sacrifice financier, et selon Ohr Ha ‘Haïm, qui entraînent une gêne réelle (Torat Cohanim). 

Pourquoi faut-il encourager le peuple avec plus d’insistance lorsqu’il s’agit de lui faire subir une dépense ? La réponse est fondée sur le principe bien connu que l’homme balance sans cesse entre ses instincts matériels et sa spiritualité. 
Naturellement, son aptitude spirituelle le pousse à accomplir des Mitsvot alors que sa tendance matérielle l’incite à satisfaire, d’abord ses besoins, puis ses plaisirs. 
On peut observer qu’une personne aura plus de facilité à accomplir des Mitsvot pour en retirer un bien être concret, tangible, comme le Seder de Pessah ou les repas de fête, que de se conformer régulièrement au port des tsitsit ou des tefilin… De plus, si la mitsva entraîne une réduction de la satisfaction matérielle ou une dépense, cela crée, à l’évidence, un conflit entre sa tendance spirituelle et ses exigences matérielles.
Il s’avère ainsi particulièrement difficile de s’astreindre au jeûne et à la pratique de la mitsva de la Tsedaka. 
Nos Sages nous enseignent que le fait de se sentir obligé de faire quelque chose génère automatiquement une grande résistance (Quidouchim 31a) et c’est pourquoi à l’occasion de chacun des commandements la Torah nous encourage à surmonter les obstacles qui pourraient nous empêcher de remplir nos obligations… Mais comment un commandement spirituel pourrait-il influer sur la tendance matérialiste de l’homme ? 
Le Sfat Emet explique que lorsqu’une personne est satisfaite et heureuse de ce qu’elle a accompli, elle ressent le vif désir de continuer dans cette voie; donc, si une personne apprécie l’ampleur de chaque mitsva qu’elle réalise et les résonances importantes qu’elle produit dans les Cieux, elle continuera à s’investir profondément dans cette voie. « Vé ata tetsavé… Et tu ordonneras » était en fait un encouragement à l’intention de Moïse afin qu’il incite le peuple à montrer de l’enthousiasme et de la ferveur dans la pratique des Mitsvot, car c’est la que se situe le secret de la plénitude dans l’accomplissement de la volonté divine (Mayanot Hanetsah).

Un samedi soir d’hiver, le Rav Raphaël Baroukh Tolédano était malade et alité dans sa ville de Meknes. Certains visiteurs lui rapportèrent qu’un certain juif d’Oujda avait subi récemment une importante faillite et qu’il était poursuivi par ses créanciers et ses garants qui avaient même menacé sa vie…
A ces mots, le Rav Raphaël Baroukh sauta de son lit et décida de se rendre le soir même à Oujda, distante de 400 km de Meknes, pour aller aider cet homme dans la détresse. 
La famille du Rav s’interposa pour le dissuader de voyager dans son état, mais rien ne l’arrêta « La vie de cet homme est en danger et je me dois d’accourir auprès de lui; de plus, rassurez-vous, comme je voyage pour une mitsva, il ne m’arrivera aucun mal » déclara-t-il. 
Le Rav Tolédano mit son manteau et se rendit à la gare… 
Il voyagea pendant neuf heures pour atteindre Oujda. A peine arrivé, il alla immédiatement rendre visite aux créditeurs et aux garants… Après de longues négociations, il arriva à conclure un accord; Il obtint une réduction définitive de 50% de la dette et il s’engagea à collecter les 50% restants pour le compte des créanciers. Dès après le rendez-vous, le Rav Tolédano s’en alla convaincre les riches membres de la communauté d’Oujda d’assumer les sommes restant dues. Ce qui fut fait très rapidement. 
Mais pour le Rav Tolédano, cette mission restait incomplète à ses yeux et il ne quitta Oujda qu’après avoir collecté une nouvelle somme de 600.000 Francs pour permettre à son protégé d’assumer ses besoins et afin qu’il puisse se rétablir dignement. (Ohrot mi Mizrah). 


Vayikra
La probité
 

« Si un homme, parmi vous, veut offrir à l’Eternel une offrande de bétail… » (Vayikra 1 : 2). 

Rachi commente « Un homme » (adam) implique que l’offrande de tout homme doit pouvoir être comparée à celle d’Adam le premier homme.
De même que Adam n’apporta aucune offrande qui ne soit sa propriété pleine et entière, personne ne pourrait apporter une offrande provenant d’un vol ou d’une origine douteuse (Midrash).
Pourquoi est-il nécessaire de faire état de cette interdiction une nouvelle fois alors que la Torah a déjà clairement signifié l’interdiction formelle du vol ? En fait, il existe un verset dans Isaïe (61 :8) qui précise « Parce que Moi, l’Eternel, j’aime la Justice et déteste les sacrifices provenant du vol ». Que peut-on tirer comme leçon nouvelle des mots « Si un homme, parmi vous… » ?
Les commentateurs expliquent qu’il n’était nul besoin, pour la Torah, de répéter l’interdiction d’apporter des bêtes volées en sacrifice, donc ce message devait certainement avoir une signification différente ou complémentaire.
En fait, en comparant nos sacrifices à ceux d’Adam, la Torah insiste pour nous préciser qu’un bien ou une somme d’argent acquise avec la moindre trace de malhonnêteté, ne saurait être apporté en offrande.
Si, par exemple, une personne se prétend abusivement Talmid ‘Hakham et, de ce fait, reçoit une assistance de personnes qui souhaitent aider les étudiants en Torah, la somme ou le bien reçu ainsi, est considéré comme le fruit d’un abus de confiance pur et simple.

Autre exemple : lorsqu’une personne demande de l’argent à un ami et que celui-ci, trop embarrassé pour le lui refuser, y consent malgré tout, il ne le fait pas de bon coeur… dans ce cas, l’Eternel ne souhaite pas une offrande provenant de cet argent.
Au début de la section Terouma, Dieu dit à Moïse : « Qu’ils prennent pour Moi un prélèvement de tout homme qui s’exécutera de bon coeur ». C’est de cette seule manière que Dieu aime à accepter une offrande. Et il doit s’agir d’un bien personnel. C’est pourquoi, la section Michpatim qui concerne les questions d’argent, les lois civiles et commerciales, précède la Paracha Terouma qui, elle, traite des offrandes en vue de la construction du Michkan. 
Avant de faire un don, il faut s’assurer que cette Mitsva sera accomplie par des voies honnêtes. A défaut, la Mitsva est considérée comme provenant d’une malversation « Ainsi la Justice est flouée et la vertu se tient à distance » dit un verset d’Isaïe.
Il arrive en effet, qu’une personne, après avoir détourné des sommes importantes, décide de faire un don conséquent, pensant qu’il effacera ainsi ses mauvaises actions et qu’il obtiendra son expiation.
Le Kli Yakar fait un rapprochement entre le verset (1 : 2) de Vayikra (cité plus haut) et les versets de Kedochim (19 : 10, 11) « Tu ne recueilleras point les grains épars de ta vigne… abandonne-les au pauvre, à l’étranger; Je suis l’Eternel Ton Dieu – Tu ne commettras point de vol… ».
Quel rapport pourrait-il y avoir entre l’interdiction du vol et le fait de laisser une part aux pauvres ? Peut-être pour nous enseigner que la mitsva de Pea, Leket et Chikha (prélèvements sur les récoltes) destinée aux pauvres, ne suffira pas à « laver l’argent sale ». 
En fait, la Torah veut nous préciser que, même si l’on accomplit la mitsva relative aux pauvres, on reste pleinement responsable des transactions illicites qu’on pourrait commettre…
Le Gaon de Vilna affirmait qu’un croyant ne verra pas fructifier son étude de la Torah si, chez lui, il existe même une seule épingle ne lui appartenant pas parce que, dit-il, « L’Eternel ne fait demeurer sa Chekhina que sur ses loyaux serviteurs qui se refusent à toute action malhonnête ».

Quand le Rav Schlomo Zalman Auerbach devint Roch Yechiva de Kol Torah à Baït Vagan, il empruntait quotidiennement l’autobus depuis Shaaré Hessed où il demeurait. Le Comité de la Yechiva l’incita à prendre un taxi aux frais de l’institution mais le Rabbi refusa net. 
« l’argent appartient à la Yechiva et il doit servir exclusivement à des actions de bienfaisance et non pour payer des taxis ! » dit-il.
Mais les membres du Comité eurent une idée « Cela vous demande au moins une demi-heure de plus pour voyager en autobus plutôt qu’en taxi, pourquoi ne pas consacrer cette précieuse demi-heure à l’enseignement ? ». Considérant l’avantage dont ses étudiants pourraient bénéficier, il se résigna à accepter de retourner à son domicile en taxi (Ha Meor Hagadol).

 

 


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